Natasha Gregson Wagner, fille de Natalie Wood, héroïne et héroïnomane chez Larry Clark, condensé d’adolescence.
Corps menu, frimousse mutine, coupe de cheveux au carré, Natasha Gregson Wagner a de faux airs de Winona Ryder et de Natalie Wood : logique, elle est la fille de l’inoubliable interprète de Wilma dans La Fièvre dans le sang : « Je pense à elle en tant que ma mère, pas en tant que cette actrice mythique que tout le monde connaît. Quand je vois ses films, je n’y reconnais pas la femme que j’ai connue, je n’arrive pas à raccorder ces deux images. Dans les films, elle est beaucoup plus jeune que quand je l’ai connue. Quand j’étais enfant, elle ne travaillait plus beaucoup et mes souvenirs d’elle sont très présents, très vivants. Pour moi, c’est une mère, que j’ai côtoyée dans des situations très quotidiennes, ce n’est pas une légende du cinéma. Cela dit, je peux parler de son travail : je trouve que c’était une actrice incroyablement ouverte, émotionnelle, très courageuse. Elle a fait des choix magnifiques. Mais elle ne m’a pas inspirée en tant qu’actrice ; elle m’a inspirée par la façon qu’elle a eue d’être une mère, une femme aux côtés de mon père et une femme dans la vie. »
De fait, Natasha découvre sa vocation au lycée, en commençant par les traditionnels spectacles amateurs. Elle aime la scène et la comédie, décide d’en faire son activité principale : « Ce que j’aime dans ce métier, c’est quand il y a du défi, quand le rôle réclame du courage, de la bravoure. Another day in paradise était un tournage difficile mais, au final, ce fut très stimulant, très satisfaisant. » Avant de jouer chez Larry Clark, Natasha a tourné quelques navets oubliables, mais s’est surtout fait remarquer par son apparition dans le mirifique Lost highway : « J’admire énormément David Lynch, et je l’aime beaucoup. David a fait beaucoup plus de films que Larry, il est plus expérimenté. Contrairement à Larry, qui est un metteur en scène très laconique, qui ne dit pas grand-chose, David est très expansif, parle tout le temps. Il sait exactement ce qu’il veut ; c’est une personne très enrichissante et très sécurisante. Il possède le contrôle total de son plateau ; il n’élève jamais la voix, mais tout le monde est très attentif, tout le monde le respecte… Alors que sur le plateau de Larry, tout est beaucoup plus volatil, voire explosif, il y a beaucoup de stress et de chaos. Cela dit, Larry est un artiste irrévérencieux, et j’aime beaucoup ça. Avec lui, j’ai surtout parlé de mon personnage. Il était très ouvert à toutes mes idées, il laisse beaucoup de liberté aux acteurs. Tout le monde est fier du film : on peut y voir la maturation de Larry en tant que cinéaste, depuis Kids.«
En discutant avec elle, on comprend pourquoi, malgré ses 25 ans, Larry Clark l’a choisie pour le rôle d’une ado de 18 ans : avec sa voix haut perchée et ses minauderies fillette, la progéniture de Natalie Wood exsude encore à fond un inimitable parfum teenage elle confie d’ailleurs passer encore beaucoup de temps, quand elle ne tourne pas, à brûler ses nuits dans les parties de Malibu avec ses copines. Pas encore complètement sortie de l’adolescence, Natasha n’est pas pour autant une écervelée californienne dont la culture ne dépasserait pas les limites d’un shopping-mall. Mademoiselle a étudié à Boston, cite les frères Coen (normal), Carax et la fine fleur de la modernité européenne (c’est plus inattendu) : « Je connais tous ces cinéastes étrangers grâce à mon ex-boyfriend : avec lui, pendant cinq ans, je n’ai regardé pratiquement que des films de Godard, Antonioni, Buñuel… En regardant ces films, j’ai beaucoup appris. »
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