La journaliste – connue pour ses prises de position en faveur des Gilets jaunes – a répondu pour nous à l’invitation de Jean-Luc Godard de participer à son prochain film basé sur le mouvement.
Dans une interview donnée aux Inrocks et disponible à partir de ce mercredi en kiosque, Jean-Luc Godard nous en a appris plus sur son prochain film. Le long métrage racontera l’histoire d’une Gilet jaune qui se sépare de son compagnon. Un récit inspiré de Bérénice de Racine. Contrairement au Livre d’image, principalement constitué d’archives, ce nouveau projet donnera lieu à un tournage.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
« Elle me rappelle Anne Vernon dans les comédies de Jacques Becker »
Au moment de l’évoquer, Godard explique souhaiter « filmer les gens qu’on voit sur des chaînes d’information mais en les plongeant dans une situation où confluent le documentaire et la fiction ». « Je ne sais pas s’ils accepteront d’être filmés en rapport avec eux-mêmes, à la fois dans leur situation professionnelle et dans des situations inventées, poursuit le cinéaste. En tout cas, j’ai une liste. Il y a par exemple Natacha Polony. Elle est bien. Mais ça ne m’intéresse de la filmer que si elle accepte qu’on la voie dans un moment de fiction. (…) Elle a un petit air coquin. Elle me rappelle Anne Vernon dans les comédies de Jacques Becker (…) je voudrais la filmer en train de parler avec ses propres mots, dans son activité quotidienne. »
Contactée à la suite de cet entretien, Natacha Polony s’est déclarée d’abord très émue. « Evidemment, cela me touche. Les films de Godard ont beaucoup compté dans ma formation culturelle. Je me souviens avoir été époustouflée devant A bout de souffle. Les films que j’ai vus de lui sont comme les grands livres qui ont changé ma vie. »
« Je ne me sens pas capable de jouer un rôle d’actrice… »
Et la patronne de Marianne de poursuivre : « oui, pourquoi pas apparaître dans son film, l’idée est intéressante. Nous devrions en discuter. Quand il parle de fiction, il s’agit de voir comment mes idées pourraient y trouver leur place, parce que je suis incapable de dire ou de faire quelque chose auquel je ne crois pas. Je voudrais comprendre quelle part de fiction, d’apparence de réel et de documentaire il compte mettre dans ce nouveau film. Je ne me sens pas capable de jouer un rôle d’actrice, je n’en ai ni la prétention, ni les moyens. Je suis d’abord une journaliste. Mais je serais prête à jouer un rôle, si ce rôle ne construit pas un faux personnage qui aurait l’apparence de la vérité mais qui serait en contradiction avec ce que je suis. C’est le problème de la fiction avec des personnages réels… »
Quand on lui demande si la perspective de voir le mouvement des Gilets jaunes passé par le prisme godardien la réjouit, elle nous répond : « Ça ne m’étonne pas qu’il s’intéresse aux Gilets jaunes. Sa lecture du monde a toujours été au centre de son cinéma et plus particulièrement de ses derniers films. Sa vision du rapport aux médias m’intéresse. Cette irruption du peuple hors de l’espace cadré, ce fleuve qui déborde à la limite de la révolution est sans précédent dans la récente histoire de notre pays, histoire dont je ne suis qu’un infime maillon. »
Retrouvez l’interview que nous a accordée Jean-Luc Godard à son domicile suisse dans notre numéro du 17 avril en kiosque ou en ligne
{"type":"Banniere-Basse"}