Un film d’animation sur l’émancipation par la pensée, aussi singulier en termes d’esthétique que pertinent par son témoignage historique.
“Heureux sont ceux qui n’ont pas à faire de choix”, déclare un dicton repris par la réalisatrice Ilze Burkovska-Jacobsen en exergue de son film d’animation My Favorite War. La cinéaste connaît bien l’illusion de cet aphorisme : enfant, elle a grandi dans la Lettonie soviétique des années 1970 et 1980, un état totalitaire encadré par une propagande redoutable. Découvrant peu à peu la vérité derrière cet état qu’elle idéalisait tant et qui promulguait la solidarité et l’égalité, la jeune fille est parvenue malgré tout à se forger un regard critique et maintenir sa liberté.
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Dans sa première partie, le récit décrit comment l’imagination de la jeune Ilze est nourrie par la Seconde Guerre mondiale et est frappée des réminiscences du nazisme (la Lettonie a été libérée du nazisme par l’armée soviétique en 1945). Dans ses cauchemars, elle voit des ennemis qui parlent toujours allemand, même s’il s’agit de l’armée américaine. Passée cette libération, My Favorite War raconte à travers les yeux de cette jeune fille comment le communisme s’installe dans le pays et met en place un modèle soviétique. Après avoir triomphé du nazisme, l’Union soviétique n’a aucun mal à prouver sa supériorité morale, mais bientôt la dichotomie s’estompe. La simple conception manichéenne se subvertit à mesure que les atrocités commises par l’État sont dévoilées.
Endoctrinement
Sèche et épurée, l’animation aux traits anguleux permet de révéler la raideur du système totalitaire tout en rappelant que ces images sont à la fois une projection du passé et une interprétation à travers la mémoire d’une fillette. Entremêlant avec une fluidité remarquable l’animation aux photos de famille et d’archives à des prises de vues de la cinéaste retournant chez elle, le film témoigne du déploiement redoutable de la propagande et l’endoctrinement dès le plus jeune âge par le biais du système éducatif.
My Favorite War d’Ilze Burkovska-Jacobsen – en salle le 20 avril
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