Un bon père de famille confronté à l’addiction de son fils. Avec sa BO trop séduisante et sa lumière flatteuse, le film n’a de cesse d’aseptiser son sujet.
David Sheff est inquiet : son fils, Nic, se drogue, d’une substance hautement addictive qui ne laisse aucun répit et que peu de chance de rémission totale, la méthamphétamine. Journaliste de profession, David est attentionné, patient, tolérant, il cherche à comprendre, à aider : c’est un bon père. Pour ne rien gâcher, Steve Carrel lui confère toute la décence morale dont un personnage peut rêver. Nic, de son côté, est un brave garçon : curieux, cultivé, gentil, il a de surcroît les traits avantageux et la brillance naturelle de Timothée Chalamet. Alors qu’est-ce qui ne va pas ?
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A cette question centrale, le film de Felix Van Groeningen, son troisième, n’apportera pas véritablement de réponse. Du moins pas de réponse autre que superficielle. Ce qui ne va pas, tente de raconter le réalisateur de La Merditude des choses (2009) et d’Alabama Monroe (2012), c’est la vie comme elle va. C’est un vague et inexplicable spleen, une attraction pour le vide, un hasard peut-être, qui pousse inexorablement le jeune homme vers l’abîme. Bien. Pourquoi pas ? Il y avait là un sujet. Mais qui requiert, précisément, d’être abordé frontalement, sans froufrous.
Filmé en Californie sous la plus belle lumière du monde, recouvert de rock indé 90’s du meilleur goût (Sigur Rós, Massive Attack, Aphex Twin, Amon Tobin, Mogwai, Nirvana… n’en jetez plus), interprété par des acteurs irréprochables (à qui les rôles de camé offrent toujours un petit frisson oscarisable), My Beautiful Boy est d’abord très creux. Pas détestable, juste imperturbablement lisse. Monté comme une succession de jolis clips en mode shuffle pour masquer la banalité de ce qui s’y joue (replongera, replongera pas ?), le film ne semble exister que pour nous ouvrir les portes de la luxuriante collection de disques de Felix Van Groeningen. Next track, please.
My Beautiful Boy de Félix Van Groenigen (E-U, 2018, 2h00)
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