Une américaine se lie avec un gardien de musée à Vienne. Une belle ballade.
Une Américaine arrive à Vienne rendre visite à sa cousine malade. Au musée où elle se réfugie, elle rencontre un gardien de salle. L’amitié qui naît les rend flâneurs, tandis qu’avec eux le film va et vient entre la ville – inconnue pour elle, familière pour lui – et le musée, dédale accueillant où les tableaux sont des choses qui nous regardent, qui font partie de notre histoire sans que leur radicale étrangeté ne s’efface.
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C’est une composition de regards, un film expérimental en un temps débarrassé de l’expérience, un film pauvre comme ces autoportraits de Rembrandt quand il était fauché, où il disparaît presque de la toile : faire avec peu, faire avec ce qu’on peut voir et dire, laisser libre le jeu de l’interprétation et du récit.
Jem Cohen, cinéaste new-yorkais, a beaucoup filmé la musique rock en musicien, il filme la peinture en peintre. Le film devient un objet devant lequel on se déplace, un réseau de champs sans contrechamp, un espace lisse qu’on arpente comme une ville étrangère : joie de s’y retrouver et de s’y perdre. Vienne, ville-musée d’une Europe-musée, où ne passe rien que les heures, où ce qui se passe n’est pas le thème principal, comme dans les tableaux de Bruegel. La visite guidée de la salle des Bruegel nous montre les visages des spectateurs faits de la même matière que les visages peints, taches de lumière où se fixe une vie l’espace d’un instant ou de cinq siècles, où se fixe une précaire éternité documentaire.
La visiteuse et le gardien se rencontrent et se sourient, se souviennent et se racontent, pris dans la liberté d’un devenir que certains appellent histoire, ou histoire de l’art, ou époque. Mais de leurs regards croisés surgit tout autre chose, un morceau de temps libre qui fait tomber les murs du musée, qui met l’art à la rue, qui précipite passé et avenir dans l’alchimie du quotidien.
En salle le 18 décembre
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