Muriel fait le désespoir de ses parentsSortie Curieux destin pour ce téléfilm réalisé en 1994, diffusé sur Arte, et qui sort maintenant sur grand écran. La Muriel du titre, c’est Catherine Klein, qui a coécrit le scénario avec Philippe Faucon et avait déjà incarné Sabine deux ans plus tôt. L’intimité et l’engagement mutuels de part […]
Muriel fait le désespoir de ses parents
Sortie Curieux destin pour ce téléfilm réalisé en 1994, diffusé sur Arte, et qui sort maintenant sur grand écran. La Muriel du titre, c’est Catherine Klein, qui a coécrit le scénario avec Philippe Faucon et avait déjà incarné Sabine deux ans plus tôt. L’intimité et l’engagement mutuels de part et d’autre de la caméra passent entre tous les protagonistes. Il n’y a rien d’extraordinaire dans ce film, et pourtant tout a la grâce : un film solaire. On chante et on danse beaucoup, on fait la fête, on se pare de douce insouciance, on vit au jour le jour. Pour Nora, splendidement interprétée par Dominique Perrier, s’aimer et se désunir vont de pair, ses sentiments sont guidés par l’instinct, lâchés dans l’instant. Une envie équivaut à un baiser.
C’est Muriel qui recevra ce baiser, un après-midi d’été, après que Nora s’est donnée en spectacle lors d’un concert en plein air. Toutes deux viennent de se rencontrer. Leur désir d’être amies se mue en une troublante attirance, une fascination de Muriel pour cette Nora, son contraire, blonde, impulsive, délurée, alors que sa personnalité est plutôt pudique, en retrait. A ce duo naissant va venir se greffer un troisième personnage, Fred. Ce triangle amoureux formé, les sentiments vont se mettre à circuler, à fluctuer de l’un vers l’autre, dans une fluidité, une voltige de tout moment. Cela dans un constant danger d’implosion, et avant que les amours ne se sédimentent deux par deux. Le trois n’est pas un chiffre heureux en amour, et comme on le sait, « Toutes les inclinations qui vont de cœur à cœur, Ah ! Mon Dieu mon Dieu, comme elles créent des douleurs ». Ce baiser donné par Nora a fait naître l’amour chez Muriel, un amour nouveau et suffisamment bouleversant pour qu’elle veuille l’affirmer à sa mère, qui s’empresse de violemment rejeter son homosexualité. La fille devient une pensée terrifiante pour la mère, victime sacrifiée et volontaire de son mariage. Car si Muriel a l’apparence de la fragilité, accentuée par sa maigreur, on pressent une dureté, une force, une obstination souterraine qui l’empêchent de se briser. Muriel ne chutera pas, elle tracera sa route, enjambera en vacillant mais sans jamais s’effondrer, elle sait écarter la douleur pour continuer. Ce baiser lui a en quelque sorte fait l’effet d’un éveil brutal, et l’a fortifiée. Elle va se mettre à agir selon ses désirs et ses volontés et non plus attendre que l’on vienne la bousculer. La caméra de Philippe Faucon suit au plus près les mouvements, de recul et d’approche, des corps, sans pour autant les priver de liberté et d’initiative. Il ancre son histoire dans notre présent, pointant au passage le racisme, le chômage, l’Algérie. Muriel… est un film sur la cruauté et la confusion des sentiments, traité dans une légèreté, un humour, une gaieté qui ravissent. On en ressort le cœur enchanté, avec en tête le si beau et si effrayant visage de Catherine Klein.
Sortie le 17 décembre.
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