“Il nous a fallu trois ans pour aboutir à un scénario qui permettrait non seulement à Mr Bean de bien fonctionner à l’écran, mais aussi d’y révéler de nouveaux aspects de sa personnalité.” Ah bon, Mr Atkinson, on jurerait que vous avez torché ce script en quinze jours ! Rowan Atkinson, star du rire en […]
« Il nous a fallu trois ans pour aboutir à un scénario qui permettrait non seulement à Mr Bean de bien fonctionner à l’écran, mais aussi d’y révéler de nouveaux aspects de sa personnalité. » Ah bon, Mr Atkinson, on jurerait que vous avez torché ce script en quinze jours ! Rowan Atkinson, star du rire en Angleterre, a cru qu’il suffirait, pour que la mayonnaise prenne, d’incorporer son personnage télévisuel de maladroit aphasique, mixte de Gaston Lagaffe et de Monsieur Hulot, dans une comédie normale. Or, ça ne prend pas : il y a d’un côté Atkinson, parfait, cocasse, avec sa gestuelle, ses mimiques ultra-expressives et, de l’autre des faire-valoir insipides, bêtas, interchangeables. En résumé, Bean, gardien de musée déplorable, est envoyé à Los Angeles pour faire une conférence sur un tableau inestimable du peintre du xixème siècle James Whistler. Les employeurs de Bean, qui le détestent, comptent faire d’une pierre deux coups : se débarrasser de lui en l’expédiant à LA comme cadeau empoisonné à leurs collègues californiens qu’ils méprisent également. C’est là où le bât blesse. On s’amuse à charger les Américains, et on tombe illico dans les poncifs : parvenus, nouveaux riches, ploucs, ignares, etc. Mais il y a pire : l’obstination des concepteurs du film à tricoter une intrigue drôle avec arrière-plan psychologique. Le personnage de Bean en pâtit, se fond dans la banalité du paysage. Hébergé chez le directeur de la galerie, il va naturellement tout détruire, mais en même temps on aura droit aux problèmes domestiques de la famille américaine lambda à qui Bean sert de révélateur. Et puis, bien que feignant de se gausser des Américains, le réalisateur Mel Smith et ses comparses prouvent qu’ils n’ont qu’un idéal : le cinéma hollywoodien. Exemple, la parodie de James Bond : Bean part en skateboard, équipé comme un ninja, pour s’introduire nuitamment dans la galerie d’art… Pourtant, l’acteur a du potentiel. Les scènes où il est laissé en roue libre sont hilarantes. Atkinson pourrait être un successeur de Tati, mais à condition de ne pas se galvauder en jouant les poils à gratter dans de mornes comédies calibrées pour les familles. Pour l’instant, on ne peut guère parler d’un « style Atkinson ».
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