Un étrange message est venu s’échouer par erreur sur le répondeur du journal… Allô Mougeotte ? C’est moi. Ton portable est en panne ou quoi ? J’essaie partout de te joindre… Et tes secrétaires qui ne répondent jamais ! C’est ça, TF1 ? Le Vieux doit se retourner dans sa tombe, crois-moi. Enfin, j’espère que […]
Un étrange message est venu s’échouer par erreur sur le répondeur du journal… Allô Mougeotte ? C’est moi. Ton portable est en panne ou quoi ? J’essaie partout de te joindre… Et tes secrétaires qui ne répondent jamais ! C’est ça, TF1 ? Le Vieux doit se retourner dans sa tombe, crois-moi. Enfin, j’espère que tu auras mon message… Donner du sens au cul, tu disais ? J’ai ce qu’il te faut. Figure-toi que je partais compter les spectateurs du Lynch, je me trompe de salle et là, je tombe sur un film… Mieux : sur un CONCEPT ! Du béton, je te dis. Une femme, un train. Alors voilà : on garde l’idée, on adapte un peu et on lui fait avaler ses craies, à cette lopette d’Instit ! N’oublie pas : une femme, un train. La femme, c’est Valérie Kaprisky. Le train, Montréal-Vancouver. Le deal, c’est de mettre 5 000 kilomètres pour coucher avec le type qu’elle a rencontré au départ. D’où les embûches du scénario : elle a une gamine et un passé de lesbienne, le type est informaticien (très bon, l’acteur qui mime l’écran éteint de son Mac), il se fait draguer par une Négresse… Bref, c’est un train où il se passe plein de choses, une sorte de métaphore du monde, tu vois le genre, avec des vieux, un curé, une aveugle, un jeune ange et des rêves symboliques, plus quelques paysages du Canada… Un train global, quoi. Tu vises le potentiel, Mougeotte ? Coproduction assurée avec le pays traversé ! Et des conversations de couloir sur la vie, la mort, le désir… Le public veut de la philo, maintenant. Mais attention : pas de l’enculage de mouches, hein ! Comme disait le Vieux : « Le bandeur dépense, le penseur débande. » D’où la Kaprisky, toujours au poil. Pas de vulgarité, bien sûr : du raffiné, du familial, du culturel… Elle fait joujou avec son minou, lit Carson McCullers, s’occupe de sa fille, prononce quelques aphorismes… Je te passe les détails, on n’est pas sur Arte. On pourrait d’ailleurs lui faire lire Fripounet ou Spinoza, tout le monde s’en fout et attend que le type sorte sa locomotive du dépôt, puisque c’est le sujet du film. Du cul et du sens, je te dis. Là, l’informaticien rêve de son enfance, du genre « Papa est parti en voyage et j’ai pas eu le temps de relire Jung »… On reprend l’idée, mais au lieu de rêver d’un manège, hop, on fait le coup du match de foot traumatique, et on case Thierry Roland en uniforme d’arbitre… Tu vois l’allusion ? La chaîne qui sait se moquer d’elle-même ! Canal peut se rhabiller, mon vieux. Et on lance une série : Mexico- La Paz avec Arielle Dombasle, Naples-Milan avec Sidney Rome, Vesoul-Poitiers avec Fiona Gélin… Pour l’actrice, tu vois, on peut recycler. Pour la musique, c’est plus difficile… Preisner, c’est du sens, ça, et du compact ! Dommage que Kiesklowski soit mort, je les aurais bien vus ensemble pour un Varsovie-Lodz, avec Irène Jacob… On s’arrangera. L’essentiel, c’est le CONCEPT : une femme, un train. Avec ça, Mougeotte, on va en faire, du mieux-disant cul… Bip-bip-bip (la communication est interrompue).
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}