Le sujet de M/other est simple. Tetsuro, un homme divorcé, vit avec une jeune femme, Aki, en union libre. Suite à un accident de voiture, son ex-femme hospitalisée lui confie leur petit garçon de 8 ans pour une période d’un mois. Avec l’intrusion de cet enfant, leur couple non officialisé va prendre des allures de […]
Le sujet de M/other est simple. Tetsuro, un homme divorcé, vit avec une jeune femme, Aki, en union libre. Suite à un accident de voiture, son ex-femme hospitalisée lui confie leur petit garçon de 8 ans pour une période d’un mois. Avec l’intrusion de cet enfant, leur couple non officialisé va prendre des allures de famille, transformant le duo en triangle, plaçant Aki malgré elle dans un rôle improvisé de mère, et inconsciemment à la place de l’ex-femme de Tetsuro.
M/other, tourné sans scénario, à partir d’improvisations des acteurs après conversations préalables, est une histoire où les identités vont se brouiller et se faire de plus en plus mouvantes et une affaire de temps. Le réalisateur a choisi de dire par la durée de ses cadrages beaucoup plus que par les mots. Il scrute les sentiments et dessine les relations entre personnages par une présence obstinée de sa caméra, adepte du plan-séquence et du plan fixe. Le film, qui dure deux heures trente, en aura exaspéré plus d’un et les sièges auront claqué. M/other ne prend pourtant tout son sens que dans cette durée, dont les cadres immobiles font songer à Tsaï Ming-liang et les plans en terrasses à Hou Hsiao-hsien.
En filmant le quotidien du trio en séquences interminables, Nobuhiro Suwa cherche à pénétrer l’essence de ses personnages, prend le pouls de leur existence, enregistre les transformations et l’érosion de leurs relations. Les cadrages les filmant en reflets à travers les vitres disent l’impossibilité d’Aki et de Tetsuro de s’incarner, de trouver leur identité dans cette union, leur impuissance à être ensemble. Leur présence en hors champ évoque la distance qui les sépare. Les répliques itératives de l’un vers l’autre traduisent cette incapacité à se lire dans l’autre et provoquent un effet de boucle hypnotique. Le film travaille le réalisme en l’étirant jusqu’à la rupture. Nobuhiro Suwa, dont c’est le second long métrage, a réalisé plusieurs documentaires pour la télévision. Il interroge les changements de comportements familiaux et amoureux dans le Japon contemporain, resserrant ses sujets autour des relations hommes/femmes. La barre du titre est d’ailleurs un bel énoncé : M comme mère et other comme l’autre.
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