Mort du cinéaste Jean-Henri Roger

On aimait bien croiser sa bonne bouille et entendre son franc-parler de cinéaste cinéphile militant. Après ses années lycéennes maoistes, Jean-Henri Roger était entré en cinéma en 1969 par la porte gauchisante du groupe Dziga Vertov, phalanstère dont le plus célèbre membre était Jean-Luc Godard, qui réalisait des films-tracts signés collectivement, bannissant la notion d’auteur individuel considérée comme « bourgeoise ». Roger poursuivra ce parcours engagé en participant dans les années soixante-dix au groupe Cinélutte, collaborant à des documentaires d’intervention sur les luttes sociales de l’époque.

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Dans les années 80, il s’allie à la grande Juliet Bertho avec qui il signe ses films les plus célèbres. Neige, une romance noire tournée à Pigalle sur fond de trafic d’héroïne (la « neige » du titre), puis Cap Canaille, polar sur le milieu marseillais filmé dans sa cinégénique région natale. Dans les années 2000, il avait encore signé Lulu, avec quelques icônes rock de combats passés (Elli Medeiros, Jean-Pierre Kalfon…), puis Code 68 (avec Judith Cahen et Stanislas Merhar), sorte d’inventaire de ce qui restait de la révolte soixante-huitarde quarante ans après.

Ces dernières années, on l’avait souvent vu dans des seconds rôles dans Eloge de l’amour (Godard), Cavale (Belvaux), Bamako (Sissako) ou Les neiges du Kilimandjaro (Guédiguian). Jean-Henri Roger était également très actif au sein de diverses institutions  professionnelles, ayant présidé la Société des Réalisateurs Français, l’Agence du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion (Acid), ou le Bureau de Liaison des Organisations du Cinéma. Il était resté toute sa vie un militant dans l’âme, faisant évoluer sa façon de s’engager dans le cinéma et dans la société. Il est mort brutalement ce week-end.