Décédé à l’âge de 89 ans ce lundi 21 septembre, à Paris, Michael Lonsdale a marqué de son physique imposant et de sa voix si particulière cinq générations d’histoire du cinéma.
Sa carrière embrasse plus d’un demi-siècle de cinéma et de théâtre. De Michael Lonsdale, qui est mort ce lundi 21 septembre à 89 ans, on se souviendra d’abord de sa voix, identifiable entre toutes, faite d’un doux mélange de profondeur gutturale et de fragilité haut perchée, associée à une façon de faire scintiller la fin de ses phrases en un claquement de langue. C’était aussi un corps, massif, à la fois perché à 1m85 et comme toujours prêt à se recroqueviller sur lui-même, tel un hibou se lovant dans son nid. De cet animal, il avait aussi les longs sourcils broussailleux et le charisme du sage, son calme aussi. Mais Michael Lonsdale représentait d’abord une certaine idée du cinéma d’auteur.
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A la pointe du cinéma de recherche
S’il a bien joué dans de grosses productions (Le Nom de la Rose, Munich, Hibernatus et même un James Bond, Moonraker, en 1979), c’est dans ses rôles à l’avant-garde du cinéma d’auteur qu’il put déployer tout son génie. Chez Marguerite Duras dans India Song (1975) avec son impeccable costume blanc, Jacques Rivette dans le monumental Out 1 : Noli me tangere (1971), François Truffaut dans La Mariée était en noir (1967) et Baisers volés (1968), Jean Eustache dans Une sale histoire (1977), Alain Resnais dans Stavisky (1974), Joseph Losey dans Monsieur Klein (1976) et Jean-Pierre Mocky dans près d’une dizaine de films. Il a également fréquenté le cinéma de grands auteurs internationaux comme Orson Welles (son petit rôle dans Le Procès, 1962), Manoel de Oliveira (Gebo et l’ombre, 2012), Raoul Ruiz (L’Eveillé du pont de l’Alma, 1985) et Luis Bunuel (Le Fantôme de la liberté, 1974).
Michael Lonsdale dans “Des hommes et des dieux” de Xavier Beauvois.
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Il a également su accompagner une nouvelle génération de cinéastes français·es avec ses rôles chez François Ozon, Sophie Fillières, Nicolas Klotz et Xavier Beauvois. C’est d’ailleurs pour Des Hommes et des dieux qu’il a reçu son seul et unique César de meilleur second rôle, en 2011. A l’image de son rôle de prêtre dans ce film, on savait de sa vie privée qu’il était un catholique pratiquant. On sait également qu’il voua toute sa vie un amour non partagé. En 2016, il déclarait à ce sujet dans son livre Le Dictionnaire de ma vie : “J’ai vécu un grand chagrin d’amour et ma vie s’en est trouvée très affectée. La personne que j’ai aimée n’était pas libre… je n’ai jamais pu aimer quelqu’un d’autre. C’était elle ou rien et voilà pourquoi, à 85 ans, je suis toujours célibataire ! Elle s’appelait Delphine Seyrig.”
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