Jean Piat, le plus célèbre des Cyrano de Bergerac, homme de l’ombre qui prêta sa voix à Gandalf, est décédé ce 18 septembre. Il laisse derrière lui une carrière marquée par des choix toujours étonnants, faite de détours par la télévision et le doublage.
« J’étais né pour être comédien« , déclarait en 2016 Jean Piat dans son spectacle autobiographique, Pièces d’identité, dans lequel il il revenait, pour ses 73 ans de carrière, sur ses auteurs fondateurs. Celui qui n’a jamais choisi entre le petit écran et la scène est décédé ce 18 septembre à l’âge de 93 ans.
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Théâtre et télévision: le choix de l’éclectisme
En septembre 1947, il entre à la Comédie-Française, avant d’en devenir sociétaire en 1953. C’est son éclectisme durant cette période qui explique le foisonnement de ses rôles: il y jouera lors de son passage plus de 60 pièces, aussi bien dans du théâtre de boulevard que dans des rôles historiques tels que Don César dans Ruy Blas ou Alceste dans Le Misanthrope. Surtout, il s’établit comme le Cyrano de Bergerac de sa génération, interprétant le rôle plus de 400 fois, nourrissant l’aura de ce personnage de fiction de son charisme. En 1972, il s’avance sur un terrain étranger qui le rendra pourtant définitivement célèbre, en acceptant d’interpréter Robert d’Artois dans la saga Les Rois Maudits, réalisée par Claude Barma, un rôle populaire resté ancré dans les esprits.
Une voix shakespearienne
Jean Piat faisait partie de ceux qu’on reconnaît d’abord à la voix, les invisibles qui habitent notre imaginaire collectif. Sa formation à la Comédie-Française lui a permis pendant des années de forger sa voix, rendant un timbre déjà chaud et profond extrêmement malléable. Cette diction parfaite le fait se tourner, au début des années 1990, vers le doublage de film, qui lui permet de travailler sa voxographie. Il est alors Scar, le célèbre méchant du Roi Lion, et la solennité de sa voix est au service d’une interprétation pleine de terreur. Cette profondeur soudaine créée par des intonations feutrées et un son de voix pur se retrouvent dans Le Bossu de Notre-Dame en 1996 où il prête sa voix à Claude Frollo. Il deviendra en 2001 une des voix françaises officielles de Ian McKellen pour la trilogie du Seigneur des anneaux et du Hobbit. C’est donc lui, l’homme de l’ombre qui donne vie au sorcier Gandalf, et que des millions de spectateurs ont écouté sans le savoir.
Homme de diction, interprète des paroles des autres, mais pas seulement: Jean Piat est aussi un homme de mots. Auteur d’ouvrages qui témoignent de son amour et de sa connaissance intime de la littérature, il avait écrit en 2015 Et…Vous jouez encore!, dans lequel il disait ne rien savoir faire d’autre que de jouer…
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