Film d’invasion extraterrestre croisé avec les codes du home-movie.
Après Cloverfield (YouTube sur grand écran) et District 9 (“petit” film de 30 millions de dollars qui commence comme un reportage télé), Monsters est le dernier venu parmi ces films d’invasion extraterrestre qui jouent sur les échelles, petite et grande.
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Le pitch est vieux comme La Guerre des mondes : des extraterrestres, croisements géants entre Paul le Poulpe et un baobab, occupent une zone entre les Etats-Unis et le Mexique. Un no man’s land que l’armée bombarde régulièrement pour limiter leur propagation.
Un photographe américain qui escorte la fille de son patron va devoir le traverser pour regagner le pays. C’est moins les monstres que les composantes du cinéma indépendant US qui envahissent le film de l’Anglais Gareth Edwards : budget low cost (500 000 dollars selon le cinéaste), acteurs inconnus, tournage sur le vif et improvisé.
Dans ses travers, Monsters ne fait pas dans la légèreté, avec sa musique sirupeuse et ses dialogues politiquement transparents sur la tentation isolationniste américaine (“nous nous enfermons nous-mêmes”, ah bon ?).
Le film est à son meilleur quand il détourne l’action promise du genre (fuir ou massacrer du monstre) pour devenir un road-movie passif, où le couple regarde impuissant les liens indéfectibles entre “gringos” et voisins mexicains (paternalisme, exploitation et flux frontaliers) ou des scènes de désastre convoquant l’après-ouragan Katrina.
Bateau échoué dans les arbres comme un hommage au Fitzcarraldo d’Herzog, autels mexicains aux morts, pyramide aztèque répondant à la muraille que se sont bâtie les Etats-Unis pour contenir les créatures : une poésie de bric et de broc, digitale et quotidienne, se dégage de ce voyage hagard, culminant dans un finale qui tient joliment du documentaire animalier.
Un peu comme Cloverfield dont il pique la fin, Monsters est un vrai-faux home-movie. L’artisanat du film fait à la maison y côtoie des personnages à bout de course, qui réalisent finalement qu’ils n’ont pas envie de rentrer chez eux.
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