Le show télé d’un gourou de Wall Street pris d’assaut par un spectateur qui a perdu toutes ses économies. « Money Monster » est un film de siège assez désuet, mais attachant par endroits.
C’eut été le cast le plus glam’ circa 1997 : George Clooney (en présentateur-trader) et Julia Roberts (en réalisatrice d’un TV show), filmés par Jodie Foster, dans un thriller médiatico-boursier. Manque de bol, on est en 2016 : la crise financière est déjà passée (elle repassera, certes), Occupy Wall Street a plié ses tentes depuis belle lurette (pour les déplier ailleurs, certes), plus personne ne regarde la télévision (mais le spectacle n’est pas moins obscène, certes), et, comment dire, le cast n’est plus très bankable. En somme, le film est en retard. Très en retard. Et c’est peut-être, paradoxalement, ce qui le sauve.
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Ralentir la cadence
Pris dans une drôle de nasse temporelle, il semble essayer par tous les moyens de raccrocher ses frêles wagons à la modernité — trading haute-fréquence, TV réalité, complot, hacking, tout y passe dans ce scénario branlant et néanmoins plausible à l’heure où des types publient leurs selfies avec des preneurs d’otage depuis un avion —, tout en reconnaissant, en creux, ne pas en avoir grand chose à faire.
« Aujourd’hui tout va très vite », entend-on au tout début du film. Or Jodie Foster n’a qu’une envie : ralentir la cadence. D’où le choix de Clooney et Roberts, touchants à force d’être ringards, intéressants dès lors qu’ils se construisent une petite bulle d’intimité au creux de l’oreillette qui les relient, tandis qu’autour d’eux le monde, benoîtement observé par la cinéaste, perd les pédales. Entre le film creux et le film en creux, la frontière est parfois mince. Celui-ci se tient exactement sur la crête.
Money Monster de Jodie Foster (USA). Avec George Clooney, Julia Roberts, Jack O’Connell. Hors-compétition.
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