Un dispositif de caméra cachée dilué dans une comédie grasse et surproduite.
A quoi tient le ressort comique qui motorise les caméras cachées ? Cet humour fallacieux joue sur une forme de cruauté dans les répartitions de l’information entre le piégé et le piégeur. Cette inégalité entre celui qui sait, qui maîtrise la situation, et celui qui ignore, qui se fait manipuler, est à la base de toute bonne séquence de caméra cachée. Le spectateur se place du côté de la connaissance, il scelle avec le piégeur un pacte basé sur le partage d’information. Il profite de la supercherie qui se déroule sous ses yeux, le piégeur l’exécute.
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Au-delà de ce comique de dispositif, il peut également jouir d’un fragment de réel volé, d’une spontanéité certifiée authentique, capturée dans des conditions de voyeurisme quasi parfaites. Pour signer son premier film en tant que réalisateur, l’acteur et humoriste belge a fait le choix de revenir à ses premiers amours, la caméra cachée, sous la forme d’un long métrage. Mais Mon ket n’est pas un film à sketches se déroulant entièrement en caméra cachée. Le film est doté d’un “scénario” et de séquences où des acteurs récitent leur texte entre eux, face à des caméras bien visibles, sans qu’on puisse les différencier clairement des parties en caméra cachée.
En l’embrouillant avec la fiction, François Damiens – ici tout en postiches et en prothèses dentaires – trahit complètement le dispositif qui l’a fait connaître. Au centre de ce film en forme de piège inopérant, orgueilleux et factice, l’acteur semble beaucoup s’amuser. Il est bien le seul.
Mon ket de François Damiens (Fr., 2018, 1 h 29)
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