L’adaptation par Yvan Attal de l’un des chefs-d’œuvre de John Fante. Plus inoffensif qu’insolent.
L’annonce de l’adaptation sur grand écran d’un chef-d’œuvre de la littérature (ici, Mon chien Stupide de John Fante) s’accompagne d’un mélange d’excitation – variable selon l’identité du réalisateur –, de méfiance – crainte de voir sa madeleine adorée dénaturée par la main d’un autre – et d’un éternel débat sur la fidélité obligée (ou pas ?) à l’œuvre maîtresse.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Sur ce point, Yvan Attal ne se rend coupable d’aucune trahison et déroule, non sans maladresse (à la méchanceté du livre se substitue une balourdise à toute épreuve), les amertumes d’un écrivain raté, un quinqua désabusé et, pour son plus grand malheur, père de quatre enfants. C’est précisément ici que le film se cogne à l’une des grandes énigmes du roman : comment susciter l’empathie et rendre tendre à nos yeux un personnage aussi détestable ?
Gageure à laquelle cette tentative imagée peine à répondre, davantage préoccupée par la mise en place d’un appareillage comique (une succession de saynètes pas drôles) que par l’auscultation complexe de son antihéros. De cette matière triviale sublimée par la faconde irrésistiblement acide de l’écrivain, dégommant les cadres du bonheur conjugal et familial, ne restent que des accessoires de jeu peu reluisants (la misanthropie, le machisme, le grivois) et le geste, plus inoffensif qu’insolent, d’un admirateur se fantasmant comme le rescapé d’un monde en perdition.
Mon chien Stupide d’Yvan Attal, avec lui-même, Charlotte Gainsbourg, Pascale Arbillot (Fr, 2019, 1 h 45)
{"type":"Banniere-Basse"}