Un portrait aux traits épais de la patineuse restée célèbre pour l’agression de sa rivale.
Sur la glace, Tonya Harding était un peu, pour ceux qui s’en souviennent, la Surya Bonaly américaine : une patineuse douée, athlétique, capable d’exécuter des figures exceptionnelles, mais éternelle perdante du fait qu’elle n’entrait pas dans les canons esthétiques de ce sport conservateur. Plus que pour ses résultats sportifs, elle est surtout restée célèbre pour avoir fait (ou laissé) agresser sa rivale, la proprette Nancy Kerrigan, juste avant les JO de 1994. C’est ce scandale, ses racines et ses ramifications qui intéressent Craig Gillespie dans ce biopic – présenté l’an dernier à l’AFI Festival à Los Angeles –particulièrement désagréable.
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Au début de sa carrière, le cinéaste avait déjà prouvé sa condescendance dans deux comédies grinçantes et coincées dans leur high concept : Mr. Woodcock et Une fiancée pas comme les autres (toutes deux en 2007). Manifestement captivé par l’Amérique white trash, mais incapable d’en tirer autre chose que du croustillant, il plonge ici dans le bourbier insensé que fut la vie de Tonya Harding, élevée par une marâtre, entourée de tocards, loser baby.
Pastichant David O. Russell dans ce qu’il peut avoir de plus agaçant (les tics, l’enflure, le cynisme), Gillespie se fourvoie pour quelques rires faciles sur le dos de pauvres gens. Seules les deux comédiennes principales sauvent la mise : Margot Robbie convainc dans son premier rôle à oscar, auquel elle arrache, contre le scénario et contre la mise en scène, un peu de mystère ; et Allison Janney, hilarante mère indigne qui offre un peu de légèreté à ce monde de brutes.
Moi, Tonya de Craig Gillespie (E.-U., 2018, 2 h 01)
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