MIZOGUCHI 2 COFFRETS 1 – LES AMANTS CRUCIFIÉS ; L’INTENDANT SANSHO ; L’IMPÉRATRICE YANG KWEI FEI ; LE HÉROS SACRILEGE + UN DVD DE BONUS2 – LES CONTES DE LA LUNE VAGUE APRES LA PLUIE ; MISS OYU ; LA VIE D’O-HARU, FEMME GALANTE ; LES MUSICIENS DE GION ; LA RUE DE LA HONTE(Opening, […]
MIZOGUCHI 2 COFFRETS
1 – LES AMANTS CRUCIFIÉS ; L’INTENDANT SANSHO ; L’IMPÉRATRICE YANG KWEI FEI ; LE HÉROS SACRILEGE + UN DVD DE BONUS
2 – LES CONTES DE LA LUNE VAGUE APRES LA PLUIE ; MISS OYU ; LA VIE D’O-HARU, FEMME GALANTE ; LES MUSICIENS DE GION ; LA RUE DE LA HONTE
(Opening, environ 50 . le coffret)
LE HÉROS SACRILEGE
(Films sans Frontières, environ 30 .)
LES FILMS : Combien faut-il avoir réalisé de films pour être cinéaste ? La question, apparemment futile, travaille pourtant tous ceux qui ont fait le choix de cette activité étrange (des cinéastes comme
Desplechin, Bonello ou les frères Larrieu continuent de se la poser). Kenji Mizoguchi, lui, est mort en 1956, à l’âge de 58 ans, en affirmant qu’il venait à peine de comprendre les possibilités qu’offre le cinéma. Il avait pourtant déjà tourné plus de 80 films, dont une cinquantaine portés disparus, et dont quelques chefs-d’œuvre absolus. « Ce qu’on a créé, ce n’est que du vent, de la merde, de la chiasse », disait-il avec ce franc-parler typique du cinéaste nippon (timide et tyrannique avec ses collaborateurs) qui contraste avec l’image de raffinement qu’on aime bien en France attacher au cinéma japonais d’antan. Le cinéma de Mizoguchi est à son image : à la fois très terre à terre et esthète, politique (violemment de gauche) et poétique, psychologique et archétypique, symbolique et humaniste, réaliste et mythologique, mélodramatique et drolatique, vulgaire et raffiné, intelligent et populaire insistons là-dessus : on ne s’ennuie pas à la vision d’un Mizoguchi. Le plan, chez lui, n’est jamais inutile ni anodin : avec ses cadres rigoureux, ses plans séquences invisibles, ses mouvements imperceptibles de caméra qui recadrent sans cesse les personnages dans le décor, ses jeux avec la lumière qui vous font passer sans prévenir, dans le même plan, de la réalité au rêve sans que vous ayez eu le temps de vous en apercevoir, son art consommé et subtil du récit et du signifiant, Mizoguchi dispose et use du cinéma comme d’un instrument de musique, où la sensibilité et la technique de l’artiste donnent son sens à la partition, bien plus que les notes.
Toutes ces qualités, rassemblées dans un seul homme, font que beaucoup de critiques, et non des moindres Rivette, Rohmer, Douchet, Daney, Skorecki, et bien d’autres , ont clamé haut et fort que Mizoguchi était peut-être « le plus grand cinéaste du monde ». Les neuf films présentés ici, tournés au sein du grand studio japonais Daiei, appartiennent à la dernière période de l’œuvre du cinéaste, celle où son art touche au génie. Parmi nos préférés (choix qui ne doit nullement exclure les autres) : le classique Les Contes de la lune vague après la pluie (considéré en général comme son chef-d’œuvre), le bouleversant L’Intendant Sansho, le génial Le Héros sacrilège (avec ses scènes de foules impressionnantes, ses couleurs vives et une scène finale bouleversante), ou La Vie d’O-Haru, femme galante (le grand thème de Mizoguchi est le sort réservé aux femmes dans la société japonaise lui aussi était un « homme qui aimait les femmes »). Enfin, pour les avoir tous vus ou revus à l’occasion de l’écriture de cet article, je me permettrai d’ajouter : quel bonheur, et que celui qui ne pleure pas au moins une fois pendant un film de Mizoguchi ne m’adresse jamais plus la parole ! LES DVD : Cette édition proposée par Opening est en réalité une réédition « relookée », « repackagée », de celle proposée à la fin des années 90 par le même éditeur. Contrairement à la première édition, les films ont été regroupés dans deux coffrets séparés selon une logique assez peu claire, puisque toute idée de chronologie (par exemple, Les Contes de la lune vague… date de 1953 et Miss Oyu de 1951) en semble absente. On retrouve également certains compléments qui accompagnaient la première édition (l’analyse pointue des Contes de la lune… par le plus grand défenseur de Mizoguchi devant l’Eternel, j’ai nommé Jean Douchet). Le critique et historien (et occasionnellement acteur, chez Biette ou Chabrol) Noël Simsolo s’est vu confier la tâche de présenter chaque film, ce qu’il fait parfaitement et brièvement. Le DVD de bonus du premier coffret contient deux documentaires réalisés par Simsolo qui permettent à des cinéastes (Brisseau, Chabrol, Doillon…) et à des critiques (Jean Collet, Jean Narboni, Charles Tesson, etc.) d’exprimer leur admiration pour le cinéma du maître japonais. D’autre part, signalons que, parallèlement, les éditions Films sans Frontières, propriétaires des droits de ces films, viennent d’entreprendre l’édition en version restaurée de chacun d’entre eux. Une édition qui devrait se dérouler sur plusieurs années. Le premier film paru est Le Héros sacrilège. Parmi les compléments, on trouve le long et hagiographique documentaire que Kaneto Shindô (le réalisateur de L’Ile nue et ancien collaborateur de Mizoguchi) avait consacré à son maître en 1975. Les fans de cinéma nippon auront la joie, entre autres, d’y voir le malicieux Yoshikata Yoda, le scénariste fétiche et légendaire du cinéaste japonais, et la géniale actrice Kinuyo Tanaka, qui fut, peut-être, le grand amour de la vie de l’étrange Mizoguchi.
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