Rarement un film aura été aussi attendu que ce second épisode cinématographique de Mission : Impossible. La déception est à la mesure de cette attente : énorme. Alors que les deux précédents films américains de John Woo (Broken Arrow et Volte/Face) avaient prouvé que sa virtuosité consistait aussi à se couler dans le système sans […]
Rarement un film aura été aussi attendu que ce second épisode cinématographique de Mission : Impossible. La déception est à la mesure de cette attente : énorme. Alors que les deux précédents films américains de John Woo (Broken Arrow et Volte/Face) avaient prouvé que sa virtuosité consistait aussi à se couler dans le système sans rien perdre de son talent si singulier, M : I-2 ne fait qu’enregistrer la dilution d’un grand cinéaste, devenu l’employé peu inspiré d’un Tom Cruise omnipotent. Là où Brian De Palma avait fait œuvre ludique et décalée en tirant à lui les postulats du feuilleton télévisé, Woo semble avoir été engagé pour qu’il égrène tous les tics et recettes qui ont fait sa gloire. Ce qui était encore inventivité visuelle dans Volte/Face devient ici une suite de laborieux décalques et de trucs éprouvés, comme si on assistait à l’entraînement d’un tâcheron qui essaie d’imiter John Woo sans jamais lui arriver à la cheville. Autant du point de vue du scénario (signé par le seul Robert Towne, mais on sait que beaucoup de script-doctors se sont succédés au chevet du malade) que de celui de la mise en scène (une suite de figures woosiennes appliquées sans conviction), M : I-2 sent la sueur et le complet manque d’inspiration. Calqué sur le récit des Enchaînés d’Hitchcock (un homme est obligé de mettre la femme qu’il aime dans le lit de son adversaire), l’histoire n’est qu’un prétexte à enchaîner des poursuites interminables de divers véhicules et quelques effets pyrotechniques de routine. Ne se dégagent finalement de ce morne ensemble que les grimaces et les prouesses musculaires de Cruise qui, après Kubrick, semble maintenant persuadé qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Hormis quelques répliques de Hopkins (« Ce n’est pas Mission : Difficile, monsieur Hunt, c’est Mission : Impossible », ouaf, ouaf), M : I-2 ne fait qu’ennuyer là où on était en droit d’attendre du jeu et de la légèreté, du plaisir et du spectacle. A l’aune de l’industrie hollywoodienne des loisirs, M : I-2 n’est qu’une daube de plus, un James Bond des mauvais jours ; sur l’échelle Woo, c’est une véritable catastrophe.
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