Reprise d’une série B apocalyptique de la fin des années 1980. Un suspense embrasé à Los Angeles, une heure avant l’explosion atomique.
Tout est bizarre dans Miracle Mile. Bizarre et beau. C’est que le film, avant de revenir sur les écrans français en version restaurée, n’est qu’une suite vertigineuse d’accidents. Tout commence à la fin des années 1970, lorsqu’un jeune cinéaste débutant, Steve De Jarnatt, écrit un scénario préapocalyptique, situé intégralement dans un quartier de Los Angeles, Miracle Mile, l’un des plus étranges et en même temps emblématiques de la ville, avec son coffee-shop vintage, son musée où des fossiles baignent dans le pétrole, sa grande tour solitaire.
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Le scénario est remarqué, récompensé à des concours, d’abord envisagé par la Warner (mais à condition que De Jarnatt ne le réalise pas) et finalement produit par une boîte indépendante après dix ans dans l’enfer du développement. On est alors en 1988, la guerre froide est sur le point de s’achever mais personne ne s’en doute, et le cinéaste imagine ce qui se passerait si une ogive nucléaire soviétique tombait sur L.A..
Embûches absurdes, chausse-trappes vicelardes, détours improbables
Ou plutôt, imagine les conséquences de l’annonce d’un tel événement sur une poignée de noctambules dont l’un (Anthony Edwards, le futur docteur Green de la série Urgences) répond accidentellement à un appel depuis une cabine publique, donné par un soldat croyant parler à son père : dans 1 heure 10 révèle ce dernier, la ville sera rayée de la carte. Drôle de prémisse, vous dites-vous ?
Ce n’est que le début. Car pendant cette grosse heure, notre parfait antihéros, gardien de musée romantique et maladroit, va s’évertuer à sauver des cendres promises sa dulcinée rencontrée l’après-midi même, accumulant les embûches absurdes, les chausse-trappes vicelardes, et les détours les plus improbables, avec une frénésie telle qu’une saison de 24 heures chrono n’y suffirait pas dans l’économie narrative actuelle.
Sur une musique somptueuse de Tangerine Dream, Steve De Jarnatt (dont ce sera le troisième et ultime long métrage, le reste de sa carrière se déployant à la télévision) exploite chaque centimètre carré du décor qu’il s’est choisi, et orchestre son gymkhana urbain avec une coolitude dingue. Un miracle, en effet.
Miracle Mile de Steve De Jarnatt (E.-U., 1988, 1 h 27, reprise)
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