Après s’être abreuvé des X-files avec le couple Mulder/Scully, Chris Carter s’en va puiser chez Thomas Harris. Frank Black, agent très spécial qui enquête à Seattle, partage en effet le même étrange pouvoir (il “pénètre” l’esprit des serial-killers qu’il pourchasse) que le Will Graham de l’auteur de Dragon rouge et du Silence des agneaux.Au-delà de […]
Après s’être abreuvé des X-files avec le couple Mulder/Scully, Chris Carter s’en va puiser chez Thomas Harris. Frank Black, agent très spécial qui enquête à Seattle, partage en effet le même étrange pouvoir (il « pénètre » l’esprit des serial-killers qu’il pourchasse) que le Will Graham de l’auteur de Dragon rouge et du Silence des agneaux.
Au-delà de certaines coïncidences amusantes (le leader des Pixies dans la ville de Kurt Cobain !), on peut considérer Millennium comme une des premières séries grunge lorsqu’elle se veut retorse à toute sympathie : la crasse, l’ombre, le sordide sont autant de fétiches putrides au service d’un univers pesant où le héros est englué jusque dans son patronyme. Ici, la paranoïa autour d’un secret d’Etat, moteur des X-files, est dissoute dans un concept d’une autre ampleur : la bataille entre le Bien et le Mal. Frank Black, ange maudit, est donc le hérault idéal d’une Amérique attirée par le religieusement correct, quand il en apaise les cauchemars sanguinolents. On sera d’ailleurs surpris qu’après avoir instauré le doute comme valeur, Millennium et sa lecture catho (pureté du foyer où Black se ressource et fange des antres des assassins s’opposent en permanence) stigmatisent une telle reconversion.
Avec la sortie de quatre épisodes en vidéo, on comprend mieux les problèmes qu’a eus cette série tordue à trouver sa place sur une grille de chaîne française. Graphiquement très violente mais psychologiquement bien-pensante, Millennium est l’enfant bâtard
du cinéma et de la série télé, étroitement comprimé entre des ambitions de long métrage friedkinien et le corset imposé des 52 minutes. Pour faire passer la pilule, Carter fait semblant d’innover en inversant la structure des X-files : chaque épisode part d’effets chocs avant de glisser vers de fumeuses abstractions philosophiques au détriment d’une intrigue résolue dans les fameuses cinq dernières minutes. Même virant au systématisme, cette construction revêche épouse les envies de malaise que Carter égrène comme le chapelet d’un curieux évangile télévisuel. Même si l’on est en droit de la réfuter, cette messe tordue devrait immanquablement remplir le denier du culte lors de sa prochaine diffusion sur France 2.
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