Le conte de fées parfaitement réglé de Mila Kunis se poursuit. Dans le nouveau film des frère et sœur Wachowski, « Jupiter – Le destin de l’univers », elle incarne une princesse intergalactique avec sa spontanéité habituelle.
C’était en 1998, Mila n’avait pas encore 15 ans. Ashton, lui, en avait cinq de plus et l’assurance d’un lionceau. Il était grand, il était beau, il était fort, et il avait, quelques années auparavant, posé torse nu pour une publicité Calvin Klein. Elle, mignonne et menue, pouvait se targuer d’avoir joué dans une pub Barbie (Glitter Hair). Cet après-midi- là, au réfectoire du lycée, ils se regardèrent langoureusement et s’embrassèrent. C’était la première fois que Mila embrassait un garçon. Ça avait beau n’être que pour de faux, sous le regard de techniciens blasés dont l’un ne tarderait pas à crier “cut!”, c’était sa toute première fois, à elle. Pour de vrai…
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Un conte de fées parfaitement réglé
Telle est la jolie histoire que Mila Kunis raconte lorsqu’on l’interroge sur sa relation avec Ashton Kutcher, son compagnon depuis 2012 et père de son enfant, dix-sept ans après ce baiser fictif dans la première saison de That 70’s Show. Ce ne serait qu’une anecdote people parmi d’autres si elle ne révélait quelque chose de profond sur le parcours et la personnalité de Mila Kunis : à bien y regarder, tout chez elle semble procéder du conte de fées parfaitement réglé, de ses choix de carrière à sa vie privée, sans qu’il soit possible de déterminer ce qui tient de la réalité ou de la fiction, du calcul ou de la sincérité.
Particulièrement insaisissable
Interrogée pour la promotion de Jupiter – Le destin de l’univers, le nouveau blockbuster de Lana et Andy Wachowski, elle se montre particulièrement insaisissable, même si ce genre d’interview autorise rarement une relation approfondie. Elle décrit ainsi son travail avec la fratrie (“ils sont deux mais ne font qu’un sur le plateau”), la “complicité qui l’unit à son partenaire Channing Tatum”, les épreuves physiques d’un tournage “éprouvant” (elle a “failli percuter une caméra à pleine vitesse”, apprend-on) mais tout de même “exaltant”, etc.
Il s’avère difficile, presque impossible, de la faire décoller des réponses toutes faites, qu’elle assène avec une telle fraîcheur qu’on croirait les entendre pour la première fois. Sur son parcours, l’actrice est plus qu’évasive et oblige à boucher les trous avec des éléments glanés çà et là. On sait qu’elle est née en Ukraine en 1983, à l’époque où le pays fait encore partie de l’Union soviétique. Ses parents, un ingénieur et une prof de physique, y sont, comme de nombreux Juifs alors, persécutés. Si bien qu’en 1991, dès l’ouverture du rideau de fer, ils émigrent pour les Etats-Unis. Leur fille ne parle pas un mot d’anglais, mais s’intègre rapidement. Et elle apprend vite. A 9 ans, elle demande à s’inscrire à un cours de théâtre ; à 11, elle décroche son premier rôle : ce sera la fameuse publicité pour Barbie. Elle enchaîne les apparitions jusqu’à devenir, en 1998 et pour les huit années suivantes, un personnage récurrent de That 70’s Show – non sans s’être vieillie de quatre ans pour pouvoir passer le casting.
La copine laid-back
Elle passe donc son adolescence devant les caméras, ce qui vous forge un caractère, même si elle se défend d’être exceptionnelle (“j’ai une vie tout à fait normale, et j’ai gardé les amis que j’avais au collège”). Bien entendu. Les choses deviennent sérieuses en 2008 lorsque Nicholas Stoller et Judd Apatow la choisissent pour interpréter la réceptionniste d’hôtel qui aide Jason Segel à se remettre de sa rupture dans Sans Sarah, rien ne va ! C’est la première fois qu’on la remarque vraiment, dans un rôle qui lui va comme un gant : la copine laid-back, drôle et spontanée, un poil sophistiquée mais pas trop, avec ses immenses yeux de dessin animé japonais, ses joues rondes et sa voix perpétuellement enjouée en même temps qu’enrouée. Demandez à un algorithme de synthétiser la femme idéale pour la population masculine occidentale de 15 à 35 ans : il ne vous donnera pas autre chose.
A l’instar de Jennifer Lawrence, elle installe au début des années 2010 ce personnage de jeune femme über-cool : dans Black Swan (2010), elle est la danseuse décontractée, opposée à la psychorigide Natalie Portman ; dans le sous-estimé Sexe entre amis (2011), elle accepte de coucher avec son pote Justin Timberlake – tandis que la même année, étrange coïncidence, Ashton Kutcher et Natalie Portman tentent eux aussi l’aventure de “l’amour amitié” (comme disait Pierre Vassiliu), avec moins de réussite – ; dans Ted (2012), elle joue la girl-friend complice et compréhensive (jusqu’à une certaine limite) de Mark Wahlberg ; dans Le Monde fantastique d’Oz (2013), enfin, elle apparaît comme la fée la plus sympa (avant de devenir la plus méchante).
Un nouveau couplet à sa légende
Pour parfaire ce portrait de meilleure copine de l’Amérique, une vidéo YouTube devenue virale (13 millions de vues) la montre en pleine discussion bière-foot avec un jeune journaliste de la BBC dans ses petits souliers. Le storytelling est parfait. Aussi, lorsqu’on la découvre dans Jupiter en princesse exilée d’Europe de l’Est pour devenir femme de ménage en Amérique, ignorant son statut jusqu’à ce qu’un aventurier intergalactique ne vienne le lui révéler, on se dit que le rôle a forcément été écrit pour elle.
Erreur, à l’entendre : “Ça m’a évidemment frappée en lisant le scénario. J’ai demandé à Lana et Andy ce qu’il en était mais ils m’ont assuré qu’ils avaient écrit le personnage indépendamment de moi.” On aimerait pour la croire entendre la version des Wachowski… Mais qu’importe les intentions : le résultat est là, et Jupiter – Le destin de l’univers est bien une ode à Mila Kunis, un nouveau couplet à sa légende de gamine partie de rien pour finalement toucher les étoiles, sans changer d’un iota. Print the legend ?
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