Aux Etats-Unis, malgré les excuses de Netflix, le malentendu autour du film français Mignonnes de Maïmouna Doucouré prend de l’ampleur.
En août dernier, Netflix décidait de promouvoir le film de Maïmouna Doucouré en choisissant une image du film sexualisant les très jeunes héroïnes. S’arrêtant au seul visuel, de nombreuses personnes appelaient au boycott de Cuties (Mignonnes en version US). Il suffit pourtant de voir le long-métrage pour comprendre que le propos de la cinéaste Maïmouna Doucouré est précisément de pointer du doigt la culture hypersexualisée dans laquelle les enfants grandissent et non pas de valoriser et diffuser des images à caractère pornographique…
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C’est pourtant précisément ce dont l’accusent aujourd’hui des sénateurs républicains, et ceci malgré les explications données par Netflix. Le 20 août dernier, la plateforme a en effet changé l’affiche et présenté des excuses, confirmant que l’image des petites filles prenant des poses suggestives n’était pas représentative du film.
We're deeply sorry for the inappropriate artwork that we used for Mignonnes/Cuties. It was not OK, nor was it representative of this French film which won an award at Sundance. We’ve now updated the pictures and description.
— Netflix (@netflix) August 20, 2020
Nous sommes profondément désolés pour l’image inappropriée que nous avons utilisée pour Mignonnes/Cuties. Ce n’était pas OK, ni représentatif de ce film français primé à Sundance. Nous avons changé l’affiche ainsi que le descriptif du film.
Ok so the Netflix Cuties movie.
I did some research and the director is a French Senegalese Black woman who is pulls from her own experiences as an immigrant and comments on the hyper-sexualization of preadolescent girls.
But look at the original poster vs the Netflix one pic.twitter.com/JVbaa5iueG
— 🤠🍉•°{Get Along li'l Miggsy} (@miggsboson) August 20, 2020
J’ai fait des recherches : la réalisatrice est une femme franco-sénégalaise qui s’est inspirée de son propre vécu en tant qu’immigrée et qui commente dans son film l’hypersexualisation des préadolescentes. Mais regardez l’affiche originale par rapport à celle de Netflix.
Un scandale récupéré à des fins politiques
A ce jour, près de 650 000 personnes ont signé la pétition d’une mère canadienne scandalisée, qui appelle à retirer le film mis en ligne outre-Atlantique le 9 septembre sur la plateforme.
Des élus républicains ont profité de l’occasion et ont repris la polémique pour glaner quelques électeurs supplémentaires. Ainsi l’élu de l’Indiana Jim Banks, les sénateurs Ted Cruz, Tom Cotton et Josh Hawley ont publiquement demandé une enquête. Ce dernier a même envoyé une lettre au directeur général de Netflix, Reed Hastings pour qu’il retire Mignonnes du catalogue. Car, selon lui, le film « montre des enfants entraînés à simuler des actes sexuels ».
.@Netflix should explain to the public why it is distributing a film, “Cuties,” that appears to sexually exploit children and endanger child welfare pic.twitter.com/OZH4HCLy0Y
— Josh Hawley (@HawleyMO) September 11, 2020
Netflix devrait expliquer au public pourquoi ils distribuent un film, Mignonnes, qui manifestement exploite des enfants sexuellement et met en péril le bien-être de l’enfance
>> A lire aussi : L’affiche Netflix de “Mignonnes” créé la polémique
Les attaques se multiplient
Selon BusinessInsider, le Texan Ted Cruz a, de son côté, carrément pris contact avec le procureur général américain William Barr, afin que le ministère de la Justice s’en mêle et détermine « si Netflix, ses dirigeants ou les individus impliqués dans le tournage et la production de Mignonnes ont violé les lois fédérales contre la production et la distribution de pornographie infantile ». Son initiative a été soutenue par le sénateur de l’Arkansas, Tom Cotton, qui souhaite des « mesures rapides ». Une représentante démocrate s’est joint à la liste, l’ancienne candidate à la présidentielle de 2020, Tulsi Gabbard. L’élue d’Hawaï a repris à son compte le hashtag #CancelNetflix pour accuser Netflix de participer au trafic sexuel d’enfants.
.@netflix child porn "Cuties" will certainly whet the appetite of pedophiles & help fuel the child sex trafficking trade. 1 in 4 victims of trafficking are children. It happened to my friend's 13 year old daughter. Netflix, you are now complicit. #CancelNetflix pic.twitter.com/GI8KFH7LFq
— Tulsi Gabbard 🌺 (@TulsiGabbard) September 12, 2020
La pornographie enfantine « Cuties » va certainement aiguiser l’appétit des pédophiles et contribuer à alimenter le commerce sexuel des enfants. Une victime sur quatre du trafic d’êtres humains est un enfant. C’est arrivé à la fille de mon ami, elle avait 13 ans. Netflix, vous êtes maintenant complice. #CancelNetflix
Netflix résiste
Heureusement, la plateforme n’a pas lâché la cinéaste française Maïmouna Doucouré et continue de soutenir le film. Mignonnes, très bien reçu par la presse spécialisée, est selon leur porte-parole : « un commentaire social contre la sexualisation des jeunes enfants ». Le communiqué officiel de Netflix est extrêmement clair face à toutes ces accusations illégitimes : « C’est un film primé et une histoire puissante sur la pression que les jeunes filles subissent sur les réseaux sociaux, et de la part de la société en général lorsqu’elles grandissent — et nous encourageons tous ceux qui se soucient de ces questions importantes à regarder le film. »
Si vous avez encore un doute, le film est encore en salle et nous vous recommandons d’y aller avec vos enfants afin de les faire réfléchir à la question.
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