Au scénario chez Rivette et derrière la caméra de Rien sur Robert, le cinéaste a travaillé avec Michel Piccoli entre 1990 et 2007. Pascal Bonitzer évoque un acteur humble, ouvert à toutes les expériences du cinéma.
“J’ai rencontré Michel Piccoli en 1990, pour La Belle Noiseuse, le film de Jacques Rivette dont j’étais scénariste. Ils n’avaient encore jamais tourné ensemble, mais Jacques avait pensé à lui dès le début du projet (tout comme à Emmanuelle Béart). Il voyait en Piccoli une autorité qui lui semblait caractériser ce personnage.
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Lorsqu’un homme de cette envergure disparaît, on dit toujours : ‘C’était un grand monsieur.’ Michel était de fait vraiment grand, il dominait de sa taille la plupart des membres d’un tournage. Et il incarnait souvent des messieurs, des hommes puissants, parfois roi, parfois pape. Pourtant, dans la vie, il était le contraire d’un monsieur. C’était un homme remarquable d’humilité et d’ouverture.
Il était ouvert à toutes les expériences que peut représenter un film. Il aimait se confronter à du nouveau. Sur La Belle Noiseuse, il a découvert la méthode de Rivette, où le scénario s’écrit au jour le jour. Il accueillait ça comme une chance de renouvellement.
“Il était un grand acteur et un homme extrêmement gentil. Et les deux ne vont pas toujours ensemble”
Dans mon deuxième long métrage comme réalisateur, Rien sur Robert, je lui ai fait interpréter une sorte d’ogre, qui était le parfait contrechamp de Fabrice Luchini. Il y avait des divergences de tempérament entre eux, qui produisaient parfois des étincelles. Mais ça servait complètement le film.
J’aimais beaucoup la façon dont Michel, même quand il semblait en faire beaucoup, alliait toujours une grande finesse à l’extravagance. Enfin, je dirais qu’il était un grand acteur et un homme extrêmement gentil. Et les deux ne vont pas toujours ensemble.”
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