Si l’apprivoisement réciproque entre Martin Socoa et son adorable gamine constitue le fil rouge de Mercredi folle journée !, cette trame principale se fait volontiers digressive, et trouve d’innombrables échos dans les autres facettes du film. Nulle tentation de bouclage scénaristique ne vient amoindrir cette structure éclatée. Sans doute sous le charme un peu languide […]
Si l’apprivoisement réciproque entre Martin Socoa et son adorable gamine constitue le fil rouge de Mercredi folle journée !, cette trame principale se fait volontiers digressive, et trouve d’innombrables échos dans les autres facettes du film. Nulle tentation de bouclage scénaristique ne vient amoindrir cette structure éclatée. Sans doute sous le charme un peu languide de Nantes, Thomas se permet des moments de contemplation pure qui enrichissent les motifs fictionnels au lieu de les affaiblir. Tandis que les personnages poursuivent des aspirations aussi contradictoires et incertaines que le bonheur, le monde ne cesse de frémir, de rappeler sa bienveillante présence comme sa douce indifférence. Mercredi est certes une comédie, pleine de situations farcesques, de figures hautes en couleurs et de tirades d’anthologie, mais c’est une comédie qui ne fait pas l’économie du contraste fécond entre univers enchanté, utopie à portée de main, et poids du tragique. Le désarroi, la lassitude et la souffrance rôdent dans les recoins de cette cavalcade. Comme chez Demy. Même si ici, l’instinct vital reprend (presque) toujours le dessus sur la tentation d’arrêter les frais, de rendre les armes face au chaos.
Thomas évite la mièvrerie unanimiste comme le typage au profit d’une générosité de regard qui provoque une douce euphorie. Et c’est en accumulant les petites formes libres que la partition prend du souffle et de l’ampleur. Ce système de modestie conquérante fait la part belle aux comédiens, tous admirables de drôlerie et de justesse. Lindon joue l’épuisement comme personne, Alessandra Martines est rayonnante de sensualité brute, et la jeune Victoria Lafaurie est toute au plaisir de son nouveau jeu. Ce ludisme généralisé fait que le film peut se permettre à peu près tous les détours sans craindre de se perdre. Et conduit son spectateur vers une empathie non forcée qui le laisse libre de rêvasser à son aise, de laisser certains éléments de la figure d’ensemble pour mieux s’emparer d’autres motifs. Précieux sont les films qui parviennent à faire oublier leur fabrication et préfèrent la suggestion poétique à la manipulation consommatrice.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}