Men in black s’inscrit dans la lignée parodique de Tim Burton mais pèche par excès de roublardise.Une agence gouvernementale ultra-secrète est chargée de contrôler l’immigration des extraterrestres sur Terre, en surveillant les résidents et en éliminant les clandestins. Adapté d’une bande dessinée, MIB propose une réponse parodique aux films de SF qui postulent l’invasion insidieuse […]
Men in black s’inscrit dans la lignée parodique de Tim Burton mais pèche par excès de roublardise.
Une agence gouvernementale ultra-secrète est chargée de contrôler l’immigration des extraterrestres sur Terre, en surveillant les résidents et en éliminant les clandestins. Adapté d’une bande dessinée, MIB propose une réponse parodique aux films de SF qui postulent l’invasion insidieuse de notre planète et exploite la mode des phénomènes inexpliqués et des complots divers qui sévit outre-Atlantique depuis Roswell, les X-files et Oliver Stone. On apprend ainsi dans MIB que des milliers d’aliens à l’apparence humaine peuplent Manhattan l’explication plausible du comportement bizarre des New-Yorkais et qu’Elvis Presley n’est pas mort : « Il est juste rentré chez lui », confie K., le vétéran des MIB (Tommy Lee Jones) à J., son nouveau coéquipier (Will Smith, sur les traces d’Eddie Murphy). Les hommes en noir puisent leurs renseignements dans les journaux à sensations (« La vérité est ailleurs »), déjouent les stratagèmes des ET en cavale (l’un d’eux tente de franchir la frontière déguisé en Mexicain !), effacent la moindre trace de leurs missions en hypnotisant les témoins. Dans certaines de ces idées formidables se dessine le fantasme ultime sur l’Amérique, terre d’accueil de tous les peuples, modèle intergalactique de melting-pot réussi (un extraterrestre pacifique s’est significativement dissimulé dans le corps d’un vieux bijoutier juif). MIB recycle avec beaucoup d’humour les poncifs de la science-fiction xénophobe pour les ridiculiser gentiment. Hier les aliens entonnaient l’Internationale, aujourd’hui ils viennent voler le travail des Américains.
Cependant, MIB ne quitte jamais le registre de la comédie conçue pour satisfaire tout le monde, de la famille au public branché (les MIB ont fauché leur panoplie aux tueurs de Reservoir dogs). Triomphe au box-office américain, MIB est une excellente opération de marketing qui redonne aux productions Spielberg un coup de jeune. Il a suffi pour cela d’emprunter au concurrent direct, c’est-à-dire Tim Burton, collaborateurs (compositeur, chef décorateur) et univers clé en main (le générique frôle le plagiat). Du Burton light, débarrassé de tout ce qui est trop méchant ou trop poétique, où l’Amérique est caressée dans le sens du poil le film se moque du protectionnisme sans le contester , loin de la férocité de Mars attacks!, toujours propre même lorsque Spielberg parvient à placer ses incurables obsessions scatologiques. Le modeste Sonnenfeld s’acquitte honorablement de sa tâche, confirmant le vieil adage selon lequel les directeurs de la photographie deviennent des réalisateurs sans intérêt (cherchez l’exception). Les effets spéciaux sont plutôt discrets et inventifs, mais le contraire eût été un contresens impardonnable dans un film qui ne parle que de camouflage. MIB, aussi petit et malin qu’Independence Day était obèse et stupide, représente le prototype de la superproduction déguisée en film indépendant. Une nouvelle façon, aussi subtile qu’efficace, de racoler encore plus de spectateurs.
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