En commençant son premier film par des ralentis esthétisants sur une plage où un homme s’est échoué, la Néo-Zélandaise Niki Caro donne le bâton pour se faire battre, s’offre au raccourci critique : naufrage d’un homme, d’un couple, d’un film, Titanic esthético-sexuel. Sauve qui peut. Et rien, malheureusement, dans la première partie ne nous contredira […]
En commençant son premier film par des ralentis esthétisants sur une plage où un homme s’est échoué, la Néo-Zélandaise Niki Caro donne le bâton pour se faire battre, s’offre au raccourci critique : naufrage d’un homme, d’un couple, d’un film, Titanic esthético-sexuel. Sauve qui peut. Et rien, malheureusement, dans la première partie ne nous contredira : pour raconter en flash-back l’impuissance sexuelle qui frappe un jeune couple de Japonais, la réalisatrice adopte un ton policé bande mou voué à l’échec puisque ne regardant jamais le mystère de cette amnésie du désir mais son insatisfaction, répétée dans des amorces de rapports sexuels filmés au travers de parois vitrées, pétards mouillés qui nous engourdissent de leur érotisme vitreux. La monotonie du refoulé du désir, habillé par une Jane Campion en Friday wear, n’est pas a priori notre idée du cinéma moderne. Quand cela s’ajoute à l’irritation que l’on éprouve à entendre des Japonais s’exprimer entre eux dans un anglais commercial, et à cette esthétique glacée qui trahit un manque de confiance dans le cinéma, nous voilà secs, voire franchement frigides face à ces traumas nippo-zélandais. L’affaire était entendue lorsque, au beau milieu du film, Niki Caro noie son héros impuissant (métaphore ?) et nous déborde enfin en proposant un second film, un film d’actrice : l’errance de la jeune veuve dans le métro de Tokyo, sa transformation physique, son accoutumance à la folie, sa façon de se cogner contre sa belle-mère et sa réclusion sur l’île qui vit disparaître son mari. Tout cela amène progressivement une nouvelle mise en scène portée par le refus du deuil, du temple, centrée sur le désir de mémoire, sur la liquidation des traces. Il y a là manifestement une envie de filmer le travail de deuil dans sa vivacité intérieure, dans sa gaieté folle, dans son désir d’absolu. Et celle, plus rare, d’offrir à son actrice la chance de réinventer son personnage, par la métamorphose lente qu’elle opère sur notre regard en devenant, de fait, désirable, comblée. Comme par miracle, les effets insistent moins, s’effacent… pour un temps seulement : la fin est chargée, comme toujours. Reste la volte-face inattendue d’un film aux pans mal assortis, mais consommable pour ces beaux moments d’actrice. Yuri Kinugawa pour mémoire.
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