Que serait Médée si elle ne parvenait pas à tuer ses enfants ? Isabelle Huppert a la réponse.
Catherine Deneuve, Béatrice Dalle et Isabelle Huppert : elles sont trois actrices qui émulsionnent immédiatement les films où elles se trouvent, spécialité française à nulle autre pareille.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
La première nuance les films d’une ironie érotique, la deuxième les magnétise de sa plénitude corbeau, la troisième décide à elle seule du poids des scènes. Isabelle Huppert, c’est l’actrice la plus trouée – elle se laisse remplir par le mal, l’absence, les souvenirs – et la plus barricadée du cinéma français – elle renvoie toute tentative d’élucidation.
Ici, c’est une corde plus ancienne de l’actrice que Tonino De Bernardi tire en inventant pour elle un dispositif mi-aventureux, mi-théorique. Il lui donne le rôle de Médée, mère vampire comme les affectionne l’actrice, mais une Médée impuissante qui ne peut tuer ses enfants et qui survit dans une banlieue mi-rouge, mi-immigrée.
Cette manière de couper les ailes à la puissance meurtrière d’Huppert permet à l’actrice de retrouver une veine années 80 de son jeu, entre Godard (Passion) et Pialat (Loulou) : ce mixte de fureur prolo (souvenez-vous, la petite ouvrière godardienne aux abois, c’était elle) et de bonté exploitée qui lui va aussi si bien.
{"type":"Banniere-Basse"}