Fina Torres fait ce qu’il lui plaît. A l’heure de la grande messe médiatique cannoise, un peu de légèreté. Cela faisait longtemps que l’on n’avait plus entendu parler de Fina Torres, caméra d’or à Cannes en 1985 avec Oriana. Dix ans d’attente donc, jusqu’à Mécaniques célestes, un petit film qui a l’excellente idée de sortir […]
Fina Torres fait ce qu’il lui plaît. A l’heure de la grande messe médiatique cannoise, un peu de légèreté.
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Cela faisait longtemps que l’on n’avait plus entendu parler de Fina Torres, caméra d’or à Cannes en 1985 avec Oriana. Dix ans d’attente donc, jusqu’à Mécaniques célestes, un petit film qui a l’excellente idée de sortir sur les écrans français le jour même de l’ouverture des festivités cannoises, histoire de provoquer une minimale mais heureuse diversion. Un hasard plutôt ironique quand on sait que question paillettes et rêves de midinettes, Mécaniques célestes se pose plutôt là. Mais on ne se hasardera point à considérer le film en question comme uniquement symptomatique des songes des jeunes filles en fleurs. Mécaniques célestes vaut beaucoup mieux que cela.
C’est l’histoire rocambolesque d’Ana, une Vénézuélienne juvénile qui, à l’heure du mariage, s’enfuit à tire-d’aile pour atterrir quelques heures plus tard à Paris en robe de mariée. Dans la douce capitale hexagonale, Ana partage le sort banal des immigrés de partout : cache-cache avec la police et recherche d’un mariage blanc pour régulariser sa situation clandestine. Plutôt que de s’inscrire dans la trace d’un Ken Loach d’Amérique latine décliné au féminin, le projet de Fina Torres est d’aller chercher du côté de la réactivation moderniste des contes de fées. Du coup, autour d’Ana défile une galerie de personnages qui rappellent les figures almodovariennes de l’époque faste, celle où la star espagnole ne se considérait pas encore comme l’Auteur avec majuscule d’usage qu’il n’a jamais été. Parmi cette brochette doucereusement psychédélique, on croise ainsi une psychanalyste gentiment givrée, un prof de chant russe, un cafetier homo extralucide ou encore, Céleste, une vidéaste bourrée de mauvaises intentions et incarnée comme il se doit par la très effrayante Arielle Dombasle.
Tout cela ne fait pas un grand film ? Certes, mais comme Torres est assez maligne pour insérer un soupçon d’absurde à la Mocky dans son petit bazar rigolard et que sa mise en scène provoque quand même une poignée de belles surprises, on sort de cette parabole comique et cosmique plutôt ravi et enjoué. Petite chose sciemment décalée qui fait du bien eu égard à la sinistrose ambiante, Mécaniques célestes est un film singulier : une sorte de bonbon acidulé au mauvais goût de bon aloi.
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