MEAN CREEK
DE JACOB AARON ESTES
avec Rory Culkin, Ryan Kelley, Trevor Morgan
Une intrigue à la Bully filmée en assumant une certaine joliesse bucolique.
La première scène un ado complexé et solitaire confie ses émois à une caméra vidéo rappelle l’ouverture de Ken Park de Larry Clark. Quant à l’intrigue une bande d’ados finissent par tuer ce camarade qui les harcèle , c’est plutôt Bully, du même Larry Clark, qu’elle évoque. Mais esthétiquement, on est à des années-lumière de l’âpre crudité du cinéaste de Kids. Jacob Aaron Estes donne plutôt dans le chromo bucolique, baignant ses garçonnets dans une verdure americana qui rappelle le Stand By Me de Rob Reiner. On commence par faire la grimace, puis on finit par se laisser séduire par un style qu’on doit bien admettre comme celui de Jacob Aaron Estes. Son ambition est de créer une tension entre la douceur de la nature et la noirceur de l’âge ingrat, symbolisée par les inserts des plans tournés en vidéo. Sous cette joliesse consensuelle, et avant le drame final, Estes sème sans bruit tapageur quelques cailloux troublants : par exemple, l’un des gamins est élevé par un couple de pères. Dans le premier film américain de studio venu, cet aspect serait surligné au marqueur. Pas ici : on le découvre au détour d’un plan. Autre bon point : le choix des corps et la façon de les filmer. Harmony Korine et Larry Clark ont fait tant d’émules qu’on a assisté ces derniers temps à une escalade dans les castings de « gueules ». Jacob Estes assume des corps plus gracieux et, surtout, de les filmer sans courir après Nan Goldin ou Terry Richardson.
Olivier Nicklaus
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