L’enfant terrible de la mode décrypté dans un documentaire classique. Un portrait riche et émouvant.
Quelle image garde-t-on d’un grand couturier ? De Karl Lagerfeld, récemment disparu, c’est avant tout celle d’une allure, la sienne, regard noir et cheveux blanchis. De Saint Laurent, peut-être davantage la silhouette fuselée et androgyne d’une femme en smoking. Que reste-t-il d’Alexander McQueen, prodige britannique qui s’est donné la mort en 2010 ?
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Faute d’une image claire, on retiendra un bouquet de vignettes sulfureuses, celle d’un jeune premier débarquant avec sa bande punk à la tête de la prestigieuse et très chic maison parisienne Givenchy, ou encore celle de mannequins défilant dans les vêtements lacérés de sa collection “Highland Rape” (“viol de l’Ecosse” – par les Anglais), jugée misogyne par certains et féministe par d’autres.
Témoignages de proches et de collaborateurs, captation de ses shows dantesques, plus performances que sages défilés, petite vidéo bricolée entre amis… Le film de Ian Bonhôte et Peter Ettedgui a en revanche une ambition très nette : glaner le plus d’indices possible pour enfin éclaircir les contours troubles de cet “enfant terrible de la mode”. Si sa forme classique le rapproche davantage de l’objet télévisuel que du cinéma, McQueen parvient à recomposer l’émouvant et sensible portrait d’un garçon au visage rond, ambitieux et débrouillard, visionnaire et abîmé.
McQueen de Ian Bonhôte et Peter Ettedgui (Brit., 2018, 1 h 51)
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