Le 4 mai est la journée mondiale Star Wars – pour « May the 4th Be With You ». Depuis que les foules ont envahi la devanture du Chinese Theater en 1977, La guerre des étoiles s’est retrouvée sérialisée à l’instar d’un portrait warholien. Au delà des mille ersatz et (photo)copies, retour en ce jour unique sur quatre des plus fameux détournements de la saga.
1997 : Troops
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En 1997, George Lucas impose aux fanboys la Star Wars Trilogy Special VHS Edition. A cette remasterisation totalitaire, les fans rétorquent par une « dé-masterisation » : il s’agit d’ôter l’œuvre des mains gantées du « Master », son créateur tutélaire. Diffusé au Comic-Con de San Diego, le court-métrage de Kevin Rubio, Troops, deviendra le parangon d’une lignée de fanfilms façonnés au nom du do it yourself, entre conscience geek et irrévérence punk. Rubio s’amuse de la trahison que représente cette retouche digitale en détournant Cops, spécimen de télé-poubelle, à la sauce Star Wars, tous deux étant des productions Fox. Au fameux reality show, suite d’échauffourées entre représentants de l’ordre et couples en conflits, Troops rétorque par la satire, les flics autoritaires devenant logiquement des stormtroopers anonymes. Associer trash tv et Guerre des Etoiles est une manière de raviver les souvenirs. Cette analogie nous renvoie à l’année 1978 et plus précisément à la diffusion sur CBS d’Au temps de la guerre des étoiles, programme spécial de funeste mémoire faisant la part belle aux facétieux wookies. Si le pastiche est parfait, le décor (le désert de Tatooine), quant à lui, renvoie curieusement aux images sociopolitiques marquantes de la décennie, celles de la Guerre du Golfe. Deux ans plus tard, La menace fantôme cohabitera d’ailleurs avec Les rois du désert au sein des multiplexes.
1999: Weird Al Yankovic, « The Saga Begins »
Pape du clip parodique des années 80/90, Weird Al Yankovic est cet as du travestissement sans lequel les fanfarons de The Lonely Island – dont nous attendons le premier long-métrage, Popstar – n’existeraient pas. Yankovic est le produit de l’industrie du disque, au sein d’une époque où les hits pop s’alignent tandis que Reagan développe, en parallèle, son opération Guerre des Etoiles (1983). Le chanteur peut tout être : Madonna (Like a Surgeon), Michael Jackson (Fat), Coolio (Amish Paradise). Quoi de plus logique alors que de se grimer en Jedi pour boucler en beauté le XXIe siècle ? Tournant en dérision la situation du tout jeune Anakin Skywalker – futur Dark Vador – The Saga Begins annonce le premier volet d’une prélogie en détournant le morceau American Pie de Don McLean, grand chant du cygne de la musique rock, relatant les morts tragiques des idoles de jeunesse. Concert effréné transfigurant Star Wars en comédie musicale, ce clip video nous rappelle qu’au-delà des lyriques élans wagnériens de John Williams, La Guerre des Etoiles est également une oeuvre de carnaval voire de foire aux monstres. La mélodique séquence de la Cantina en témoignait dès l’origine et ce fan revendiqué de Frank Zappa, véritable freak, lui rend ici un festif hommage.
2007: Robot Chicken
La folle histoire de l’espace (1987) de Mel Brooks démystifiait La Guerre des Etoiles en insistant sur ses velléités d’empire commercial, à ce point emplie de produits dérivés que ceux-ci vont jusqu’à parasiter la narration de l’oeuvre. Vingt ans plus tard, Robot Chicken, l’une des plus populaires séries d’Adult Swim, se réapproprie cet exubérant marketing mais, entre les mains de sales gosses façonnés par MTV, le jouet permet désormais de raconter des histoires. Avec en son centre les Star Wars Toys des fans, Robot Chicken renvoie à la philosophie Lego, consistant à créer de nouveaux univers selon sa fantaisie et sa connaissance d’un imaginaire préétabli. Sous la plume de Seth Green cet ex-acteur de Buffy contre les vampires, Star Wars fait office de pâte à modeler pour sales gosses férus d’Howard the Duck – cette production Lucas au mauvais goût juvénile. Robot Chicken : Star Wars est une sorte de Pulp Fiction en stop-motion du space opera, révélant à force de décalages ironiques les petits instants off de la légende.
2013 : Key & Peele « Lando’s Fan »
Le duo Key & Peele s’en est pris pour Comedy Central à Gremlins 2, Michael Jackson et Steve Hurkel. En cette lignée s’inscrit l’un de leurs plus fameux sketchs : une discussion entre un hystérique fanboy et Lando Calrissian en personne, le vieil ami d’Han Solo. Mettre en scène Calrissian est une façon, pour ces héritiers du stand-up corrosif d’Eddie Murphy et de Chris Rock, de valoriser l’un des seuls Noirs de la saga intergalactique. Mais à travers ce face à face fantasmé en pleine Cité des Nuages, c’est surtout le véritable visage du héros star warsien contemporain que Key et Peele dévoilent celui du fan. Déjà en 1999, à travers son court-métrage George Lucas in Love, le cinéaste Joe Nussbaum mettait en scène un modeste passionné, élaborant pièce après pièce sa propre mythologie au gré des quiproquos universitaires. Rencontrant avec ce mix incongru entre le metteur en scène d’American Graffiti et Shakespeare in Love un foudroyant succès sur Amazon, allant jusqu’à détourner de sa main les graphismes de Drew Struzan pour l’affiche originelle de La guerre des étoiles, Nussbaum suggérait ainsi que tout étudiant en cinéma peut s’identifier à Lucas, le fantasmer – et espérer prendre sa place. En 2013, par le biais de leur érudition nerd, Key et Peele démontrent que le spectateur – ou son avatar -– côtoie définitivement l’icône…
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