Très hétérogène, ce premier film d’animation français – qui cumule les influences, y compris celle du gothique américain – révèle un tandem prometteur.
Max, un gentil garçon souris, part à la recherche de son vagabond de père. C’est le fil rouge, sur lequel se greffent des péripéties annexes, notamment celle de l’usine de tapettes à mouches qui concentre la noirceur (relative) de l’histoire. L’établissement, situé dans une petite ville, est dirigé par un méchant patron grenouille, requin du show-biz à ses heures perdues, flanqué de son machiavélique factotum, un savant fou qui fait muter les diptères pour doper les ventes de tapettes…
Jusque-là, en France, le dessin animé français était moyennement vivace – avec l’oscarisé Sylvain Chomet, Michel Ocelot, plus quelques outsiders spécialistes du noir et blanc, dont Christian Volckman, réalisateur de Renaissance, ainsi que les coauteurs du joli florilège Peur(s) du noir (qui sort en même temps que Max & Co). Quant au cinéma d’animation “en volume”, il restait assez insignifiant. Mais cela risque de changer grâce aux frères Samuel et Frédéric Guillaume qui font, en gros, le grand écart entre les productions Aardman (Wallace & Gromit) et les expériences de Tim Burton dans ce domaine. D’ailleurs, les références les plus savoureuses de Max & Co sont bien là, du côté des engrenages bricolos et loufoques de Nick Park et des chimères morbides de Burton. Ajoutons, pour que l’illusion soit presque complète, la musique de Bruno Coulais (l’homme-orchestre des Choristes et d’autres amuseries chorales), qui imite le style sautillant et carnavalesque de Danny Elfman. Bref, Max & Co est une auberge espagnole, une œuvre foncièrement hybride qui résulte de la diversité de ses emprunts et de ses thèmes, allant du cinéma psychologique et social européen – sans doute apporté par les scénaristes Christine Dory et Emmanuel Salinger, l’acteur de Desplechin qui semble entamer une reconversion – au gothique américain, dont on ne doute pas que les frères Guillaume soient friands. La réalisation est rondement menée, et avec un goût sûr, par ces jeunes metteurs en scène, qui panachent idéalement diverses techniques (personnages en silicone, décors en 3D et en dur). On peut d’ores et déjà “prédire un brillant avenir”, comme on dit, aux frères Guillaume, qui ont fait la démonstration de leur impeccable maîtrise.
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Mais sur le plan scénaristique, on sent une retenue, les thématiques restent convenables. Les cinéastes devraient affirmer, affiner leurs idées, bref élaborer un univers personnel sans s’en remettre à un panel d’auteurs (imposé par le producteur) qui normalise leurs audaces… Le cinéma français manque de démesure.
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