Notre avis sur « Equals » de Drake Doremus, « The Danish girl » de Tom Hooper et « L’attesa » de Piero Messina projetés à la Mostra de Venise.
Dans les grands festivals de cinéma, les sélectionneurs doivent ménager la chèvre et le chou, tout le monde le sait. Des films pour le grand public, des films pour les spectateurs un peu ou très pointus, et donc pour les représentants de ces deux catégories dans la presse nationale et internationale. C’est délicat, c’est un art. Les trois films du jour appartiennent à des catégories différentes mais ils nous attristèrent tous les trois pour des raisons différentes.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Equals porte bien son titre : c’est un film égal, dans le sens où il nous est assez égal. Découvert au festival de Sundance (le cinéma US indépendant), Doremus réalise un film de genre du genre « déjà vu ». Soit de la science-fiction assez pauvre, rabâchant des figures un peu lassantes : le futur proche, une société où plus personne ne ressent rien, est habillé pareil, etc. Mais un sale virus (l’humanité) sévit, et une histoire d’amour entre deux jeunes gens va voir le jour et la société ne va pas du tout aimer ça. Etc. Les acteurs sont assez jolis à regarder puisqu’il s’agit de Kristen Stewart et de Nicolas Hoult, qui ont semble-t-il très bien monté le tapis rouge, mais ils n’ont pas grand-chose à jouer à part quelques bisous un peu gélatineux. Rien de neuf, sinon. Roméo et Juliette et Fahrenheit 451 sont convoqués mais renvoyés aussitôt, faute d’atomes crochus réels avec le cinéaste. Pas un seul plan, une seule idée de cinéma, tout est indifférent et tremblotant comme la caméra à l’épaule de Doremus.
« The danish girl » est le nouveau film de Tom Hooper, le technicien qui avait réalisé Le discours d’un roi et les pauvres Misérables d’après Totor Hugo version comédie musicale. Inspirée de faits réels, The danish girl raconte, au début du 20e siècle, l’histoire d’un peintre danois à succès qui va découvrir que sa vraie personnalité est féminine, et qui se battra contre vents et marées pour changer de sexe. Le film, très grand public, est un mélo larmoyant dominé par le cabotinage puissance XXL d’Eddie Redmayne (qui n’en finit pas de prendre des poses et des mines, sans doute pour obtenir un oscar), mais le beau personnage de son épouse, interprété par Alicia Vikander, sauve le film d’un récit un peu répétitif et sans surprise. C’est à la fois du film à scénario et à costumes, mais on saluera l’entrée de la transsexualité dans le cinéma le plus commercial.
La catastrophe du jour appartient au « cinéma d’art » sans essai : L’attesa de Piero Messina, avec Juliette Binoche et Lou de Laâge. Un film incompréhensible et prétentieux. L’histoire d’une fille qui débarque en Sicile pour voir son copain et qui se retrouve dans une maison en deuil avec la mère de cet amoureux sans se douter un seul instant qu’il pourrait être le défunt… Nous ne sommes des amis ni de la vraisemblance, ni de la rigueur scénaristique, mais là, les bornes sont dépassés. Certes, il n’est jamais inintéressant qu’un personnage ne comprenne rien à ce qui se passe autour de lui, mais la charmante Lou ne peut pas être aussi sotte, c’est impossible ! A vrai dire, on lui pardonnerait presque sa cécité si le film proposait autre chose que des dialogues insipides sur les rapports belle-mère/belle-fille et la dureté de la condition féminine dans une société méditerranéenne, le tout enrobé d’effets de caméras décoratifs rigolos et vains. Mais non.
On remarquera – nous y reviendrons dans les prochains jours – que même dans de mauvais films, les acteurs de cette 72e Mostra s’en sortent plutôt bien. Serait-ce un choix de programmation ? Un constat ?
Demain, promis, on vous parle de bons films !
{"type":"Banniere-Basse"}