À l’occasion de la ressortie en salles de “Van Gogh” le 27 octobre dernier, le critique de cinéma Jérôme Momcilovic fait paraître un essai-puzzle très réussi, littéraire et cinématographique, sur ce grand cinéaste français.
Le critique de cinéma Jérôme Momcilovic, déjà auteur de deux essais remarqués sur Arnold Schwarzenegger et Chantal Akerman (quel éclectisme !), se penche cette fois sur deux motifs au travail dans le cinéma de Maurice Pialat : la main et les yeux.
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Ce qui est admirable, dans la méthode de Jérôme Momcilovic, c’est qu’elle reprend tout à zéro, comme si l’œuvre de Pialat n’avait en l’occurrence jamais été regardée avec les bonnes lunettes.
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Un travail d’enquête remarquable
Le critique revoit évidemment les onze films du cinéaste français, avec une attention intuitive à tout ce qui pose question, à tout ce qui fait mystère, même quand le passage choisi pouvait paraître simple – comme dans la scène finale de Van Gogh, quand la fille du Dr Gachet dit : “Il était mon ami.”
Mais Momcilovic se baigne aussi dans le vaste dépôt de ses écrits, de ses notes de travail, fait il y a quelques années à la Cinémathèque française par Sylvie Pialat, la veuve de Maurice. Il relit aussi les interviews du cinéaste, attentif à tout ce qui n’y a pas été relevé suffisamment, ce qui pouvait paraître sibyllin. Avec l’attention d’un détective, d’un généalogiste, d’un entomologiste ou d’un psy, afin de tenter de percer le mystère de la création chez Pialat, d’y déceler ce qui y est mais qu’on ne voit pas au premier abord.
Confiant dans son intuition, Momcilovic part de ces moments qui l’intriguent et tente de les expliquer en les croisant avec d’autres informations, papiers et images en main. Preuves à l’appui, il distingue deux motifs prépondérant dans l’œuvre de Pialat, deux éléments fondamentaux dans son cinéma et qu’on n’a pas toujours bien vu, ou su voir ou compris : la prépondérance de la main et des yeux. Et le livre s’écrit et se développe derrière, par l’écriture, à la fois belle et claire comme de l’eau de roche.
Livre-puzzle ou chasse aux trésors de le beauté, cet essai court part du détail pour aller à l’essentiel, le tout en seulement quelque 125 pages. Qui dit mieux ? Une belle réussite.
Maurice Pialat, la main les yeux de Jérôme Momcilovic, éditions Capricci, 126 pages, 13,50 euros.
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