Stephen Frears revisite l’histoire du Dr Jekyll (et de Mr Hyde). Malgré une embardée grand-guignolesque, une œuvre personnelle. C’est à travers les yeux de sa jeune servante Mary Reilly que le spectateur appréhende le docteur Jekyll de Stephen Frears. Recréés en studio, les décors sombres et austères s’alignent sur le jeu remarquablement sobre de Julia […]
Stephen Frears revisite l’histoire du Dr Jekyll (et de Mr Hyde). Malgré une embardée grand-guignolesque, une œuvre personnelle.
C’est à travers les yeux de sa jeune servante Mary Reilly que le spectateur appréhende le docteur Jekyll de Stephen Frears. Recréés en studio, les décors sombres et austères s’alignent sur le jeu remarquablement sobre de Julia Roberts. La réalisation, virtuose par endroits, s’efface pour laisser s’épanouir l’attirance morbide de la servante pour son maître. Quant à John Malkovich, il fait durer le plaisir en mitonnant un parfait dosage de folie chez le bon Dr Jekyll et de sérénité chez le sauvage Mr Hyde. Et puis, soudain, c’est la faute : Frears franchit la ligne blanche lors d’une scène où Jekyll se transforme
en Hyde d’une manière singulièrement grand-guignolesque, concession sans doute au spectaculaire hollywoodien. Mais Frears a la roublardise (ou l’intelligence) de rattraper cet écart : maintenant que nous avons vu, de nos propres yeux vu, que Jekyll et Hyde n’étaient que les deux faces d’une même personne, nous ne serons plus troublés par ce Janus démasqué. En revanche, la petite bonne, des abîmes de perversité innocente au creux de son tablier,
se révélera finalement bien plus intrigante. La preuve que Stephen Frears est un cinéaste qui vaut le détour. Tout en respectant dans les grandes lignes les conventions du genre, il parvient à faire entendre sa voix, approfondissant des sillons déjà explorés, tels que l’altérité (My Beautiful Laundrette) ou le Mal (Les Arnaqueurs).
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