Mars attacks! est aussi un carnaval de signes américains. Du kitsch au pop-art, des donut-shops à la Maison Blanche, de Las Vegas aux célébrités de la culture populaire : passage en revue des cartes secouées par Tim Burton.
Une galerie d’icônes
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Mars attacks! passe en revue une brochette de personnages américains légendaires que Burton distribue selon deux axes : soit en les représentant dans la fiction, soit en saupoudrant son casting de vraies légendes (de gauche à droite ) : Pierce Brosnan (James Bond), Jack Nicholson (le Président et Nicholson), Glen Close (attraction fatale, Cruella DeVille, sorcière favorite de l’Amérique), Rod Steiger (général Schwartzkopf), Paul Winfield (Colin Powell), Jim Brown (Walter Spanghero du foot US), Sylvia Sydney (star du Hollywood de la légende) et Tom Jones (Tom Jones).
Les cartes de Bob Powell et Norm Saunders
Fondée en 39, la Topps chewing-gum lance en 50 sa première collection de « trading cards », des cartes à échanger à la récré. Après des séries sur la guerre de Sécession et sur le sport, la plus fameuse naît en 62 : Mars attacks!, largement inspirée des séries B de sci-fi de l’époque. Rêves, peurs et fantasmes des années de guerre froide. Aujourd’hui, ces cartes que Burton gamin se payait pour une poignée de cents valent entre 1 500 et 2 000 dollars. Dans les années 80, Topps relance la série de cartes Mars attacks! et crée la BD en 94. Attention, le commerce attaque !Objectif Terre ! Les soucoupes ressemblent aux sous-tasses renversées d’Ed Wood et la planète Mars est rouge, comme le drapeau soviétique, la couleur des ennemis de l’Amérique au temps de la guerre froide. Séquence inspirée d’un des premiers dessins de Burton.Des visiteurs sur l’île de Pâques Quel est le plus étrange : la soucoupe volante ou les statues Une poignée de main franche et virile ? L’art de la diplomatie américaine toute-puissante. Comme dans ID4, l’Amérique représente toute la terre.Le Martien sans son armature L’armature articulée permettait d’animer les marionnettes selon les techniques traditionnelles, conformément aux souhaits de Burton. Chez le spécimen du Martien au complet, on note le cerveau surdéveloppé comme chez Morandini, les yeux globuleux comme chez Peter Lorre, le visage squelettique comme dans la paume d’Hamlet. Le corps rappelle, au choix, celui d’un enfant mal nourri ou les pires souvenirs de l’histoire. Le slip rouge est très seyant.Washington, le film et le storyboard Où Burton reprend à son compte le grand fantasme américain de destruction de la Maison Blanche. Le Président est joué par un Jack Nicholson aux dons d’ubiquité, comme Peter Sellers dans Docteur Folamour de Kubrick.
Les membres du Congrès après une attaque martienne
Ou bien les députés de l’Assemblée nationale après la révolte finale contre la loi Debré ? Toujours est-il qu’ici la séance est suspendue… pour un long moment.
De la réalité au croquis, du croquis à la maquette
L’original est un immeuble insalubre de Washington, situé au croisement de la 4e Rue et de Massachussetts Avenue.
La salle de décision stratégique
Ses formes circulaires, son Président bouffon sont également empruntés au Docteur Folamour de Stanley Kubrick. Selon le directeur artistique Wynn Thomas, « la meilleure salle de guerre jamais imaginée au cinéma fut celle de Kubrick. C’était un modèle de simplicité et, en tant que concepteur, je ne peux m’empêcher d’être obsédé par cette image. »
Maman, on a pas raté la soucoupe
Les Martiens saccagent la Maison Blanche comme une horde de gosses foutant le souk dans le salon des parents.
Des mutants et des hommes
La présentatrice télé à tête de chien : nouvel avatar frankensteinien des corps couturés, hétérogènes ou rapiécés de Burton, après Edward, le Pingouin, la poupée de chiffon de Jack… Ici, Burton « torture » une cousine américaine de nos Daniela Lumbroso ou Danièle Gilbert nationales. Lisa Marie, pin-up martienne en plein processus de mutation. Après Lynch (la tête encastrée dans Lost highway), Godard (sa définition de la guerre) ou Cronenberg (Crash), une nouvelle déclinaison des rapports fusionnels, conflictuels, mutants, entre la chair et le métal. D’autres expériences burtoniennes de démembrement et de chirurgie créative, quelque part entre le kitsch fifties et le body-art contemporain.
L’Amérique profonde vue par Burton
Le donut-joint
Exemple de « monument » du kitsch, d’artefact de la consommation qui fait de l’Amérique du milieu un empire de signes. Un paysage hyperréaliste observé à la loupe dans Mars attacks!
Storyboard
Las Vegas, concentration de signes, symbole ultime de l’Amérique sous le feu martien.
Landmark Hotel
Inauguré en 69 par le milliardaire fou Howard Hughes, le Landmark Hotel ferma en 90 avec démolition programmée. Burton et son équipe ont immortalisé le bâtiment en filmant sa destruction. Burton : « Nous sommes restés toute la nuit et le moment venu, ce fut affreux, aussi pénible que de voir un animal mourir. » Une vraie destruction utilisée pour figurer le torpillage du faux Galaxy par les Martiens.
Au dernier chic de Las Vegas
Colleen Atwood, costumière : « Il s’agit d’une vision des années 50-60 qu’il fallait peaufiner et rajeunir. Vegas représente un lieu fantastique, le lieu idéal pour exacerber les structures et les couleurs. » En effet.
Le trailer park
Image emblématique des quartiers prolétaires américains : remplaçant les bidonvilles du tiers-monde, les caravanes en métal abritent tous les laissés-pour-compte de la société libérale avancée.
Les néons du rêve ensablés
Le casino, fantasme d’argent facile, retourne à la poussière.
The end
Burton et son équipe victimes de leurs petits pouvoirs spéciaux ?
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