Petr Vaclav est un jeune cinéaste tchèque qui a déjà réalisé plusieurs documentaires et dont Marian est le premier film de fiction. Et c’est un cinéaste qui ne veut pas passer pour un imbécile comme en témoigne la construction destructurée de son film, avec force ellipses et flash-backs. Construction qui nous apparaît artificielle et […]
Petr Vaclav est un jeune cinéaste tchèque qui a déjà réalisé plusieurs documentaires et dont Marian est le premier film de fiction. Et c’est un cinéaste qui ne veut pas passer pour un imbécile comme en témoigne la construction destructurée de son film, avec force ellipses et flash-backs. Construction qui nous apparaît artificielle et théorique en plus d’être un peu maladroite. Peut-être Petr Vaclav, qui, en effet, n’est pas un imbécile, a-t-il voulu, en cassant la linéarité d’un destin par trop pathétique, celui du jeune Marian, Tzigane qui a passé sa vie d’orphelinat en prison, s’interdire l’émotivité qui le guettait, et que le regard noir du jeune héros semble en permanence condamner, et empêcher ainsi toute identification ou sentimentalisme chez le spectateur. Alors il s’arrange avec les composantes de son film (belle photographie, mouvements très apprêtés, construction sophistiquée) pour tenir à distance son personnage et son aura maléfique. Le film est donc assez bizarre, mal à l’aise avec son sujet, hésitant sans cesse entre ramener Marian au centre de l’image et du récit ou le noyer dans la foule des autres jeunes bannis. C’est que l’intérêt de Vaclav pour Marian remonte à loin (il a rencontré le vrai Marian, mort depuis, il y a quinze ans, en visitant une maison de correction). Mais les raisons de cet intérêt ne sont pas seulement morales ou politiques (que faire de tous ces jeunes Tziganes analphabètes et inassimilables ?), mais beaucoup plus troubles. Le film de Vaclav ne se défait pas d’une certaine fascination pour le sordide des maisons de correction et pour les corps de ces jeunes brutes. Mais il ne l’assume pas non plus, en introduisant toutes sortes de personnages secondaires qui désamorcent la tension entretenue autour de Marian. Vaclav garde ainsi une position masochiste d’où il peut mortifier tranquillement sa bonne mauvaise conscience, tout en conservant ses privilèges de voyeur. Néanmoins, ce film étrange, incertain et irrésolu, connaît ses beautés, notamment toutes les scènes de fuite dans la campagne, noire et inquiétante, mais agace malgré tout par son indécision et ses atermoiements.
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