On distingue souvent dans le cinéma belge, à travers ses arts plastiques aussi, un goût particulier pour l’humour noir, le loufoque et la provocation. Un mélange culturel de poésie kitsch et de modernisme, qualifié par les Belges eux-mêmes de style “Brol”. On en retrouve des traces à travers des œuvres aussi diverses que Toto le […]
On distingue souvent dans le cinéma belge, à travers ses arts plastiques aussi, un goût particulier pour l’humour noir, le loufoque et la provocation. Un mélange culturel de poésie kitsch et de modernisme, qualifié par les Belges eux-mêmes de style « Brol ». On en retrouve des traces à travers des œuvres aussi diverses que Toto le héros, La Vie sexuelle des Belges ou C’est arrivé près de chez vous. Idem avec ce premier film de Frank Van Passel au titre univoque. Si la tour Eiffel du plat pays n’y est pas montrée, l’expression flamande et les tramways ne trompent pas sur la marchandise.
Un jeune homme orphelin, timide et chauve, débarque à Bruxelles et « flashe » sur une jolie conductrice de tram. Le hasard fait bien les choses : il emménage dans le même immeuble qu’elle. A partir de cette rencontre, le réalisateur décline une suite de saynètes mi-tendres mi-cruelles. Le garçon et la fille s’aiment mais leur désir ne coïncide jamais. Ils se loupent en loupant leurs déclarations.
Ni déshonorant ni vraiment excitant, Manneken Pis se regarde d’un œil distrait. Le réalisateur compense la banalité de son scénario par un collage libre d’images artificielles, visant le conte fantaisiste. Tout ça est très modeste, fait de bric et de broc et de petites idées vaguement surréalistes. Malheureusement, nos deux amoureux sont souvent statufiés au second plan, derrière les effets poético-patauds du décor et de ses accessoires. Les personnages secondaires, quoique traités de manière superficielle, intriguent davantage car eux sont franchement décalés et source d’absurde. Deux cuisiniers repris de justice, tire-au-flanc invétérés, toujours scotchés ensemble, et une concierge fêlée mais bienfaitrice : voilà finalement ceux qui nous restent à l’esprit.
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