Incroyable performance de Jim Carrey sous les traits d’Andy Kaufman, comique américain disjoncté des années 70. Jubilatoire.
MAN ON THE MOON
de Milos Forman, avec Jim Carrey, Danny DeVito, Courtney Love (1999, E-U, 114 mn)
L’acteur arrive sur scène en transpirant dans un costume étriqué. Il se mange le micro et bégaie des banalités d’une voix nasillarde. Ça pouffe moyen dans la salle. Silence gêné. D’où il sort, celui-là ? Il fait vraiment exprès ? On entend un sifflet au fond. Tension. Le type bredouille quelque chose, se propose d’imiter… Elvis Presley. Silence affligé. Roulement de tambours et l’avorton grotesque se transforme en un Elvis flamboyant, sexuel, plus vrai que nature. La salle médusée exulte soudain, en délire. Cette scène de Man on the Moon illustre la force irrésistible du genre burlesque : faire jaillir d’une tension nerveuse savamment entretenue un déchaînement de rires.
Le type, c’est Andy Kaufman, comique américain à succès des années 70, mort d’un cancer en 1984, dont Milos Forman retrace ici les épisodes marquants d’une carrière fulgurante. Un imitateur, stand-up comic, auteur de happenings et héros de sitcom qui se prenait pour le Orson Welles du rire, allant jusqu’à imaginer un jour faire sauter l’image de son show télévisé, afin que des millions de téléspectateurs furieux se lèvent pour cogner le téléviseur. Farceur de génie, l’acteur burlesque fait partie de ces terroristes spirituels prompts à rappeler que le système des apparences déconne sérieusement, à pousser le bouchon toujours plus loin, et à tout dynamiter. En intégrant dans sa mise en scène cette science de la chute inattendue et de la tension nerveuse qui font jaillir des rires volcaniques, Milos Forman a réalisé un de ses meilleurs films et une critique jubilatoire du monde du show-business.
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