Au service d’ABBA, une comédie musicale aux chanteurs/danseurs aussi approximatifs que dans un karaoké. Sympathique.
Les chansons d’ABBA font tout : elles survivent aux sarcasmes, décloisonnent les playlists (de Mireille Mathieu, Madonna, U2, Björk ou John McCain)
et servent même à des films. Après Muriel – où ABBA était la bande-son de la vie de l’héroïne –, voici Mamma Mia !, adapté d’une comédie musicale british qui s’efforce d’organiser une vague trame narrative à partir des tubes du groupe. Soit, sur une île grecque paradisiaque, une jeune fille invitant à la veille de son mariage trois messieurs, dont l’un pourrait être son père, suite à un été d’amour trigame avec sa mère volage. Et on chante et s’épanche sur l’argent, l’argent, l’argent, les reines de la danse ou Waterloo.
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Le principal charme du film est de s’éloigner des récents néo-musicals bodybuildés (Chicago) ou trop évidents (Hairspray avec Travolta). On est dans la comédie musicale à la fois de proximité et alternative : des acteurs masos y chantent consciencieusement comme sous la douche, avec des sèche-cheveux en guise de micros. Et imposent leurs corps liftés, las, has been et presque ingrats (Meryl Streep et ses copines). Mamma Mia ! évite (avant la toute fin) le kitsch seventies associé aux rois et reines de la pop suédoise pour souscrire à la définition de Susan Sontag du camp – “qui voit tout entre guillemets”. “Chanteurs” et “scénario de tragédie grecque” (filandreux, mais au service des femmes, de la famille recomposée et d’un coming-out sortant de nulle part) prennent cause pour les chansons, les vraies stars du film. Les acteurs-marionnettes ont l’air d’être (é)mus par l’énergie du désespoir, et leur embarras à être là, à faire leur numéros nus – sans pattes d’eph ou artifices pour les protéger à la manière de John Travolta dans Hairspray ou Tom Cruise dans Tonnerre sous les Tropiques (en salle le 15 octobre) –, a quelque chose de touchant. Sentiment très perceptible chez l’ex-agent 007, Pierce Brosnan, le moins doté du lot en voix et en grâce. Mamma Mia ! rappelle avec beaucoup d’humour qu’en chanson le commun des mortels doit se contenter du karaoké – où l’on massacre souvent ABBA. Un regret personnel ? L’absence dans
la BO de cette très belle chanson de rupture qu’est Knowing Me, Knowing You.
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