Traité sentimental ambitieux et hyper romanesque illuminé par l’égérie Greta Gerwig.
La trentaine passée, célibataire endurcie, abonnée aux histoires foireuses, Maggie veut prendre son destin en main et devenir mère par insémination artificielle. Elle est enfin prête à se lancer lorsqu’elle fait la connaissance d’un certain John, quadra marié et aspirant écrivain avec qui elle rêve de fonder une famille harmonieuse, unie, parfaitement normée. Mais son plan idéal va de nouveau échouer, et la pauvre Maggie devra s’inventer un autre futur sentimental…
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Avec l’icône Greta Gerwig dans le rôle-titre, des personnages de millennials inadaptés au monde, une humeur générale balancée entre spleen et ironie, et Williamsburg pour décor principal, Maggie a un plan s’inscrit a priori dans la nouvelle école chic de comédies new-yorkaises, ces chroniques existentielles remises à la mode par Noah Baumbach (Frances Ha). Or le cinquième long métrage de Rebecca Miller s’affranchit vite de cet imaginaire déjà un peu usé, et trouve sa propre voie – plus inquiète, plus torturée – à mesure que progresse son ambitieux récit labyrinthique.
Filant sur près d’une décennie avec un sens de l’ellipse remarquable, le film dessine un parcours sentimental erratique, complexe, dont les rebondissements échappent aux automatismes balisés des comédies romantiques. Il séduit avant tout par l’imprévisibilité de ses personnages, sortes de chats sauvages qui cherchent, hésitent, trébuchent dans leur quête d’une configuration amoureuse idéale – ce fameux “plan” du titre, dont la superbe résolution du film dit justement qu’il n’existe pas, qu’aucun amour ne procède d’un raisonnement logique.
Dans le feuilleté romanesque de son intrigue, qui aborde la love story comme une somme de petites négociations, se lit au fond l’influence discrète des contes moraux de James L. Brooks (Comment savoir). Rebecca Miller n’a certes pas le talent de son illustre modèle – la faute à une mise en scène sans aspérités, trop fonctionnelle – mais elle partage avec ce cinéma solitaire une même sensibilité et qualité d’empathie, qui trouvent en Greta Gerwig une parfaite incarnation.
Enfin débarrassée de ses gesticulations et de ses airs étourdis, dont les charmes commençaient à s’essouffler un peu, l’actrice gagne ici une ampleur et une maturité insoupçonnées, poursuivant son œuvre parallèle dans la nouvelle comédie de mœurs américaine. Son beau plan à elle.
Maggie a un plan de Rebecca Miller, (E-U., 2015, 1 h 38)
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