On allait voir ce film à reculons, sachant qu’il s’agissait 1) d’une adaptation théâtrale, genre casse-gueule s’il en est, 2) d’un film de Mike Figgis, dont le récent La Fin de l’innocence sexuelle, divagation biblico-boursouflée, nous a laissé un souvenir nauséeux. Or, miracle, en adaptant la célèbre pièce de Strinberg, Mademoiselle Julie, le sieur Figgis […]
On allait voir ce film à reculons, sachant qu’il s’agissait 1) d’une adaptation théâtrale, genre casse-gueule s’il en est, 2) d’un film de Mike Figgis, dont le récent La Fin de l’innocence sexuelle, divagation biblico-boursouflée, nous a laissé un souvenir nauséeux. Or, miracle, en adaptant la célèbre pièce de Strinberg, Mademoiselle Julie, le sieur Figgis s’avère un cinéaste tout à fait respectable, sinon inspiré. Un remarquable directeur d’acteurs aussi, qui a su porter à son paroxysme la folie froide et brûlante de cette histoire à trois personnages. Malgré des tendances lelouchiennes (caméra virevoltante) heureusement contenues et une incongrue séquence en split-screen, la mise en scène dépouillée _ respectant la règle des trois unités classiques (lieu, temps et action) _ n’est pas étrangère à la force brute du film. L’action se déroule pendant la nuit de la Saint-Jean, dans l’immense cuisine d’un manoir suédois. Pendant que les domestiques festoient à l’extérieur, un valet de pied, Jean, entame avec Mademoiselle Julie, comtesse borderline , une dévastatrice joute amoureuse qui aboutira au pire. Bravades, insultes, gifles, accouplement brutal, toute la gamme et toutes les figures de la passion hard y passent, se mêlant à une réflexion amère sur l’inégalité des classes. Ce qui fascine c’est l’ambivalence insondable et désarçonnante des personnages de Julie et de Jean. C’est là où les comédiens sont formidables, dans cette capacité à exprimer autant de sentiments contradictoires dans un seul regard, une seule réplique. Il n’y a pas à tortiller, en cette période de vaches efflanquées, ce film est une excellente nouvelle.
Mademoiselle Julie de Mike Figgis. Avec Saffron Burrows et Peter Mullan
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