Adaptation dévote d’un classique de la littérature française. Chabrol essaie de faire le chef-d’œuvre de sa vie, mais l’adaptation reste prisonnière de la lettre.
Une adaptation de Madame Bovary par Chabrol ? Quelle bonne idée ! Le caustique Chabrol ne partage-t-il pas avec Flaubert le misanthrope
cette même jubilation à croquer au vinaigre les mesquineries de la bourgeoisie provinciale ? Erreur : le cinéaste ne propose au final qu’une lecture impersonnelle et distante. A plat ventre devant le chef-d’œuvre, il s’obstine à tout vouloir mettre dans le film. Les petites phrases, les traits d’esprits, les personnages clés, les scènes d’anthologie, tout est taillé au même format pour que ça rentre au forceps dans cette malle bourrée à craquer. Résultat, toutes les pistes sont lancées, mais aucune n’est retenue. L’adaptation d’un classique de la littérature à l’écran exige un choix, des partis pris, un ton. Chabrol se contente de l’adaptation broderie du drame bourgeois. Adultère, surendettement et suicide, dans une version pastels et crinoline « de bon ton », très Figaro Mademoiselle. L’ironie vinaigrée de Chabrol laisse la place au sirop douceâtre d’une lecture au coin du feu. Histoire d’accentuer le côté « grands classiques scolaires pour tous », la voix off chevrotante et redondante de François Périer passe au Lagarde et Michard tout ce qui pourrait relever de l’ironie. Et la musique… Au secours !
Seul réel plaisir à voir cette Madame Bovary : Isabelle Huppert, toujours merveilleuse en garce soupe au lait. L’Emma qu’elle incarne
est jubilatoire, à mi-chemin entre le cavalier King Charles dépressif et la peste enrubannée. Pour le reste, si le film passe vite, il ne retient pas grand-chose.
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