Entre parodie de Miller’s crossing et comédie légère, un premier film agréable, mais pas fondamental du tout. Mad dogs est une petite surprise, un objet curieux et décalé par rapport aux polars américains récents inspirés par Quentin Tarantino. Son originalité réside principalement dans la reconstitution d’un univers anachronique et factice qui mêle les conventions du […]
Entre parodie de Miller’s crossing et comédie légère, un premier film agréable, mais pas fondamental du tout.
Mad dogs est une petite surprise, un objet curieux et décalé par rapport aux polars américains récents inspirés par Quentin Tarantino. Son originalité réside principalement dans la reconstitution d’un univers anachronique et factice qui mêle les conventions du film noir classique à des trouvailles parodiques, comme celle qui consiste à organiser des duels entre des gangsters assis derrière des bureaux. Certes cette histoire de pouvoir, de folie et de trahison, rythmée par l’élimination progressive de ses protagonistes et dont les réels enjeux sont dérisoires, lorgne souvent du côté de Miller’s crossing ; on devine les intentions de Larry Bishop de réduire le monde aux dimensions d’un night-club et d’y mettre en scène un théâtre de l’absurde où s’entretuent des pantins plus ou moins psychopathes. Mais si cette stylisation systématique est parfois séduisante, elle demeure très vaine par rapport à la beauté cérébrale du chef-d’oeuvre des frères Coen.
Par contre, le spectateur pourra prendre un réel plaisir au numéro de duettistes auquel se livrent Jeff Goldblum, séducteur flegmatique, et Gabriel Byrne, histrion au machisme exacerbé (dans Miller’s crossing, c’était lui le séducteur flegmatique ironie de casting sans doute volontaire), et qui évoque le couple formé par Frank Sinatra et Dean Martin dans toute une série de polars décontractés ou de westerns tournés de la main gauche par Robert Aldrich (Quatre du Texas) ou Gordon Douglas (Les Sept voleurs de Chicago). Il se trouve que Larry Bishop est le filleul de Sinatra et le fils de Joey Bishop, célèbre comique des années 60 et membre du Rat Pack (la bande de joyeux soudards constituée par Sinatra, Martin, Jerry Lewis…) ; l’action du film est scandée du début à la fin par les chansons de Frankie, et Gabriel Byrne improvise en compagnie de Paul Anka, et devant un auditoire médusé, une version très personnelle de My way lors d’une scène désopilante. Cette filiation revendiquée confère à Mad dogs sa véritable valeur : celle d’un film de copains qui se retrouvent pour interpréter une savoureuse galerie de truands caricaturaux tout droit sortis d’un épisode de Dick Tracy, en compagnie de jolies filles. Bishop, qui joue dans son film un tueur laconique, se paie en effet le luxe d’inviter le mannequin Angie Everhart, histoire de la lutiner au détour d’un plan. Bref, du pur entertainment, très bien joué et agréablement réalisé, mais dont la nécessité (il s’agit du premier film de Bishop, acteur de complément depuis plus de trente ans) laisse quand même sceptique.
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