Machaho est le début de la formule rituelle “machaho tellem chaho” par laquelle les vieilles femmes kabyles commencent la narration des contes. Signe que l’histoire racontée ici en est peut-être un. Arezki, un paysan kabyle, recueille un jeune étranger presque tué par le froid et s’acharne tout l’hiver à lutter contre la mort qui le […]
Machaho est le début de la formule rituelle « machaho tellem chaho » par laquelle les vieilles femmes kabyles commencent la narration des contes. Signe que l’histoire racontée ici en est peut-être un. Arezki, un paysan kabyle, recueille un jeune étranger presque tué par le froid et s’acharne tout l’hiver à lutter contre la mort qui le guette. Pendant sa convalescence, le jeune homme, Larbi, noue une tendre et discrète liaison avec la fille du paysan. Guéri, Larbi rentre chez lui en promettant de revenir. Quelques mois plus tard, Arezki découvre que sa fille est enceinte. Le sens de sa vie désormais réduit au seul objectif de venger son honneur bafoué, il part à la recherche de Larbi. Inutile de raconter les péripéties qui suivront : on comprend que le père symbolise ici les archaïsmes sur lesquels se fondent les intégrismes, alors que le jeune homme, la mère et la fille sont porteurs des valeurs de vie et d’espoir. Dans la note d’intention, le réalisateur trace un parallèle avec les événements actuels en Algérie. Il n’est pas nécessaire d’aller jusque-là pour apprécier ce film simple et beau. Comme souvent dans les contes méditerranéens, un drame se noue à l’insu des protagonistes qui se retrouvent prisonniers de leur destin. Sont à l’œuvre ici des sentiments violents et purs. La mise en scène sait trouver des angles généreux pour restituer les gestes de la vie quotidienne qui prennent alors une dimension poétique puissante. Ainsi cette scène dans laquelle un groupe de femmes fabrique de l’huile dans l’ombre d’un sous-bois. La caméra montre d’abord le groupe, puis s’attarde sur l’une d’elles piétinant des olives jusqu’à en extraire l’huile. Un geste qui fait partie de la culture amazigh (berbère). Cette même culture souvent dénoncée pour son archaïsme. Belkacem Hadjadj préfère lui rendre hommage, et à travers elle, aux femmes, aux mères, gardiennes de cette tradition. A quel moment passe-t-on de la tradition à l’archaïsme ? La femme algérienne doit-elle prendre part plus directement à l’évolution de son pays ? Le film ne répond pas à ces questions mais les pose de manière brûlante. Enfin et surtout, il sait imposer son propre rythme au spectateur : c’est la marque d’un réalisateur talentueux.
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