Avec « Easy Rider » et « Point Limite Zero », « Macadam à deux voies » fait partie de cette vague de road-movies de la charnière des années soixante/soixante-dix qui réinventaient le western dans une vision désenchantée du rêve américain.
Dans Macadam à Deux Voies, les chevaux-vapeur remplacent les chevaux et il ne s’agit plus de conquérir l’espace américain mais de le sillonner (dans le sens inverse de la conquête de l’Ouest pour ce qui concerne Easy Rider et ce film), de la cartographier, d’en dresser une sorte de bilan, ou plus basiquement, sans autre but que d’en éprouver l’immensité, les distances, dans une éthique libertaire du déplacement et de la vitesse.
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Un western moderne
Les cowboys d’antan devaient s’approprier un territoire et y installer la loi, leur loi. Les protagonistes sans nom de Macadam…(The Driver, The Mechanic, GTO) veulent seulement rouler, se tirer la bourre, faire rugir les moteurs, gagner les défis qu’ils se lancent. Leur quête est à la fois concrète (gagner des courses, entretenir leur machine…) et abstraite (rouler sans fin, éprouver la sensation de liberté sans attaches…).
La mise en scène d’Hellman est minimale, behavioriste, dénuée de psychologie : ses protagonistes agissent, sans exprimer d’affects ou de réflexivité sur leur condition. Le laconisme prévaut sur les dialogues et les explications. Dans Easy Rider, les bikers finissaient leur course abattus par un redneck. Hellman est plutôt métaphysique que politique : le road-trip, la vie des protagonistes et le film lui-même s’achèvent ensemble, brûlent en un même geste final désespérément cathartique.
Au bout du voyage, de la course sans fin, rien, le néant. Fin de la route, fin de la fiction, fin du ruban filmique, à l’aune du « the dream is over » proféré par John Lennon à la même époque.
https://www.youtube.com/watch?v=i96B82XdP6A
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