Pour son premier long métrage comme réalisatrice, Sara Forestier offre une histoire d’amour bancale mais habitée.
Cela fait treize ans maintenant que Sara Forestier, visage mutin et débit mitraillette, imprègne tout un pan du cinéma d’auteur français de son énergie d’actrice bouillonnante et singulière, et presque autant qu’elle porte en elle le germe de M.
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L’adolescente extravertie de L’Esquive était, hors plateau, hantée par une histoire d’amour singulière, qu’elle avait à l’époque confiée au réalisateur Abdellatif Kechiche : lorsqu’elle avait 16 ans, son petit ami lui avait caché son illettrisme. En entrechoquant ce secret au bégaiement d’une lycéenne brillante dans le creuset d’une histoire d’amour fou, Sara Forestier prend le risque de l’excès de pathos, qu’un enrobage volontiers kitsch – bande-son de Christophe, poèmes s’affichant à l’écran et plans parfois tapageurs – n’aide pas à prévenir.
Au-delà du pitch un peu grossier, c’est tout le film qui se déploie en gestes surprenants et en membres maladroits : l’actrice y interprète, la trentaine passée, Lila, une lycéenne mal dans sa peau, quand Redouanne Harjane, issu du stand-up, incarne Mo, un cow-boy de banlieue magnétique et meurtri, passionné de pâtisserie.
Mais alors que les corps s’apprivoisent dans un décor tour à tour réaliste et fantasmé, à mi-chemin entre le Far-West-sur-Seine et les barres d’immeubles moroses, le mélo l’emporte par sa dimension excessive et fonceuse, et la rencontre de ses éléments bariolés provoque une émotion sincère, soutenue par un véritable sens du dialogue et de la séquence.
M de Sara Forestier (Fr., 2017, 1 h 38)
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