Sympa, Michel Gondry rembobine ! le bricoleur génial installe son usine à rêves dans une friche de la banlieue.
Il y a deux ans, à l’occasion du Nouveau Festival, le génial Michel Gondry transformait le Centre Pompidou en studio de cinéma miniature. Ou plutôt en “Usine de films amateurs” avec décors bout de ficelle, costumes vintage et reconstitutions grandeur nature (d’une salle de classe, d’un bistrot ou du métro parisien). On pouvait s’y filmer au téléphone portable ou s’inscrire sur la liste d’attente pour réaliser en petits groupes son film amateur.Succès immédiat : 65 000 personnes visitent les plateaux de tournage et plus de 300 films sont réalisés.
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Quelques mois plus tard, au Festival de Cannes, Gondry croise un collectif de réalisateurs implanté en Seine-Saint-Denis et Safia Lebdi, ex-Femen (!) devenue depuis conseillère régionale et présidente de la Commission du film Ile-de-France. L’idée naît alors de trouver un point de chute durable à l’Usine de film amateurs qui poursuit par ailleurs sa tournée mondiale, de New York à São Paulo en passant par Moscou et bientôt dans les anciens abattoirs de Casablanca.
Une manufacture d’allumettes réhabilitée
Ce sera Aubervilliers où le maire (PS) Jacques Salvator vient d’acheter le site de l’ancienne Documentation française, une manufacture d’allumettes du début du XXe siècle qui fut aussi un laboratoire du syndicalisme à la française. Une partie de cette immense friche industrielle a été cédé à un promoteur mais cinq pavillons en enfilade ainsi qu’une immense cheminée de 45 mètres de haut (classée aux Monuments historiques depuis 2005) ont été conservés.
C’est là que s’installera au printemps 2016 le projet de Michel Gondry. Et cette utopie, depuis le 14 janvier, jour de la signature d’une convention entre la mairie, la Fondation du Patrimoine et la Fondation Crédit Coopératif (qui versent à elles deux près de 120 000 euros), n’a plus rien d’une Arlésienne. Coût total de l’opération : 1,5 million financé majoritairement par le Conseil régional, le Conseil général et la ville d’Aubervilliers ainsi que par un appel à souscription populaire, sorte de KissKissBankBank à grande échelle.
Un lieu ouvert à tous
Le concours d’architectes sera lancé au printemps ; les travaux, prévus sur neuf mois s’engageront en septembre 2015 pour une livraison prévue au printemps 2016. Les cinq pavillons qui comptabilisent au total entre 1 200 et 1 500 m2, ainsi que la cheminée et la rue intérieure, seront préservés et pourront servir de décors aux tournages. On trouvera également des ateliers d’écriture, une salle de projection et un café-restaurant qui devrait en partie compenser les frais de fonctionnement de ce lieu ouvert à tous et gratuit.
“Aujourd’hui l’événementiel à Paris crée beaucoup de déchets que nous récupérerons pour les décors” précise, pragmatique, Fernando Favier, le bras droit de Gondry sur ce projet. “Il faut valoriser les déchets de l’industrie culturelle, insiste celui qui promet avec enthousiasme : On sera à flux tendu, il y aura toujours des ouvriers dans cette usine.”
Et pour huiler cette mécanique déjà bien rodée au Centre Pompidou, Michel Gondry imagine une organisation a minima, avec une poignée d’animateurs chargés de faire tourner le lieu. “J’aimerais que l’encadrement intervienne le moins possible” a indiqué le cinéaste lors de la conférence de presse “il ne doit y avoir aucun autoritarisme. Il faut s’assurer que c’est bien le collectif qui prend les décisions, et que ces décisions soient communes.”
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