Écrit pendant le confinement, ce récit introspectif sur le couple est un exercice de style aussi dénué d’intérêt qu’assommant de lieux communs.
Chaque nouveau film de Guillaume Canet ne parvient définitivement pas à le placer comme un cinéaste très passionnant dans le paysage cinématographique français. On ne saurait pourtant lui enlever une grande cohérence thématique (on pourrait même parler à ce stade d’obsession, ce qui, en soit, est toujours intéressant chez un·e cinéaste). Depuis plus d’une décennie, l’acteur et réalisateur poursuit avec pugnacité l’étude d’un grand sujet : la crise de la quarantaine (exclusivement du point de vue masculin bien sûr, il ne s’agirait pas de regarder autre part que soi-même).
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Après la sociologie des après-midi rosé-piscine au Cap-Ferret dans le diptyque Les Petits Mouchoirs/Nous finirons ensemble, après les vertiges identitaires réflexifs de Rock’n roll (film en partie raté mais que l’on regrette pendant toute la projection de Lui tant il avait au moins la légèreté pour lui), Canet adresse un nouveau grand dilemme au personnage principal de Lui : a-t-il plus envie de coucher avec sa femme ou sa maîtresse ?
Grande introspection dont le film n’aura même pas le courage de répondre, préférant in fine diviser le corps de son protagoniste en deux. Ainsi Canet “version gars bien” poursuivra l’aventure du couple avec sa femme tandis que “Canet version sacrément tordu” choisira la maîtresse. Il aura fallu 1 h 20 de cogitation intense au film pour arriver à ce résultat prévisible.
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Bertrand Blier, es-tu là ?
Quelques semaines après la sortie de L’Origine du monde de Laurent Lafitte, Lui de Guillaume Canet vient également confirmer le retour inattendu dans le cinéma populaire français d’une grande ambition psychanalytique (réduit dans les deux films à de grands lieux communs sur le couple, le sexe et la distribution du désir). Retour qui se joint à un autre, qu’on sentait déjà poindre depuis quelques années : l’important regain d’influence du cinéma de Bertrand Blier. Déjà ces deux dernières années, dans des cinémas aussi divers que ceux de Christophe Honoré (Chambre 212) ou Albert Dupontel (Adieu les cons), un retour de hype du Blier eighties bruissait au détour de nombreuses séquences. On retrouvait sa trace dans le film de Laurent Lafitte, il culmine dans Lui de Guillaume Canet.
Dialogues aiguisés, personnages loquaces, brusques ruptures de ton, personnage métaphorique ou mental, tout imite le style de l’auteur de Buffet froid. Dans ses meilleurs moments, hélas, Lui ne s’approche seulement que de la verve émoussée et surécrite des derniers films essorés du cinéaste (Le bruit des glaçons, Convoi exceptionnel).
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